COMIN' DOWN (emma)

Invité

Emma de Vigan
ft. Nadia Esra // nadiaesra@blogspot.
elle essaya d'imaginer à quoi ressemble la flamme d'une bougie après qu'on l'a soufflée

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âge Elle a dix huit-ans, comme peut-être quelques déportés, à la libération d'Auschwitzdate/lieu de naissance Le 27 janvier 1996. Naître le même jour que ce moment important pour des milliers de gens, et n'avoir l'impression de vivre que dans une cage, un carcan. Ce n'est pas une libération. Elle veut être ailleurs, dans un autre monde, un autre endroit. job ou études Trop jeune ou trop abimée, elle ne sait pas. Elle ne travaille pas. Personne ne voudrait d'elle de toute façon. En première. Elle a raté une année. Trop amoureuse, trop ailleurs. Et la violence des mots, présent dans le coeur, la violence des regards, elle a eu peur, elle a raté. Elle parait idiote, alors qu'elle sait, elle sait tellement de chose. Mais Emma est un peu détraqué, un peu construite à l'envers. De quoi la laisser en première. statut Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Les autres lui font peur, leur regards, leur réflexions. La vie en dehors de sa chambre prend des traits monstrueux et horrifiques. Elle a un monde à elle qui donne l'impression d'être en dehors des convenances sociales. Mais si on parle d'argent, elle se trouve dans la moyenne. Assez pour vivre, même si l'argent ne vient pas d'elle. orientation sexuelleHétérosexuelle. L'inconnue lui fait peur, surtout quand elle prend les traits d'une blonde aux yeux bleus, et le sourire sadique qui accompagne. Elle aime les garçons, elle ne se risque plus dans l'univers féminin, les risques sont trop grands. Les cicatrices encore trop récentes. caractère douce, tendre, protectrice, volontaire, possessive, jalouse, entière, renfermée, autodestructrice, solitaire, rêveuse, taiseuse, observatrice, impulsive. groupe La noyade célébrité Nadia Esra

Elle se cache sous le lit, Emma. La boule au ventre quand elle va au lycée. Elle se cache, elle ne veut pas affronter le monde, elle en veut pas voir les autres, ils sont grands, ils sont immenses, et elle si petite, tellement petite. Elle ne trouve pas sa place. Elle n'a pas sa place. Elle se cache sous le lit, Emma, car elle sait que les monstres ne s'y trouvent pas. Elle se cache sous le lit, Emma, car elle sait que les monstres lui ressemble. Les monstres vivent en elle. Ces monstres qu'elle n'arrive pas à nommer. × Emma n'aime pas son regard, Emma n'aime pas son corps, Emma n'aime pas le reflet du miroir. Elle se trouve trop grosse, elle se trouve énorme. Elle prend trop de place. Elle en prend toujours trop, de la place. Alors, elle ne mange pas. Elle fuit ses assiettes trop remplis, elle fuit le midi à la cafeteria, elle fuit, elle se cache, ce n'est pas juste pour une fois, une fois, parmi les autres. Elle ressemble à un bout de ficelle à force. A force de jeter la nourriture, des non merci j'ai déjà manger. Et de tout le reste. × Elle aime son père, la petite rousse. Elle adore ses rires, et ses bisous sur le nez. Elle aime cet être qui lui a donné la vie, elle aime être avec cette personne qui la suit tout le long de sa vie. Même si son père est loin, même si la séparation a le goût amer du passé, elle ne le laisse jamais tomber. Les nombreuses fois où elle a trouvé ce dernier à la porte de chez elle, avec un je peux dormir avec toi, ces fois où la mort l'a tellement serrer qu'elle a cherché du réconfort là où elle ne pensait plus en trouver. Elle aime son père, c'est son héro. × L'école, elle n'aime pas ça. Elle déteste le regard des autres, être assise, et être scrutée comme une bête de foire. Elle ne sait pas quoi faire, elle regarde sa feuille sur laquelle, elle n'a rien écrit. Elle sait ce qu'on pense d'elle, elle sait qu'on juge, qu'on analyse ses gestes, elle sait qu'on la dissèque comme une grenouille. Pour savoir ce qu'elle fait, et après, on rit, on a pitié, alors qu'elle, elle veut courir loin, dans le sens inverse, de l'autre côté de la folie, de l'autre côté du monde × Emma ne mange pas, elle refuse la vie. Les marques sur la peau montre tout ce dont elle est capable, pour rejeter ce qu'elle ne digère pas. Elle regarde le sang prendre la forme d'un bracelet autour de ses bras, elle ne quitte pas ses yeux. Elle ressent la douleur, elle sent quelque chose, elle sent la vie, et cette blessure qu'elle laisse dans son coeur. Elle sent le rejet du monde, ces gens qui refusent ce qu'elle est, ces idées qui la prend au coeur, et au corps. Elle fuit ses démons, ses démons qui prennent la forme d'une coupure faite au rasoir un peu partout sur son corps. × Lire, se perdre dans les livres. Dessiner, se perdre dans un monde à elle. Ce n'est pas une artiste, elle n'est pas écrivain, elle est juste cette fille qui lit sans cesse pour trouver de le courage de rester dans une réalité qui n'est pas la sienne. Et le dessin reste là pour exprimer ses sentiments sans qu'elle puisse les définir. Ailleurs que sur ses bras, aussi. Une feuille qu'elle brûle souvent une fois remplie de ses démons. C'est un secret, c'est son secret.

pseudo/prénom RE-L âge 20 ans. t'habites où? Belgique COMIN' DOWN (emma) 4127426157

comment tu as connu le forum? BAZZART + PRD COMIN' DOWN (emma) 2337277504

t'en penses quoi? Jolie COMIN' DOWN (emma) 1983621415

présence 4/7

Code:: <pris>nadia esra</pris> ♢ <pseudo>EMMA DE VIGAN</pseudo>

Invité

✰ il était une fois

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« When the days are cold and the cards all fold
And the saints we see are all made of gold
When your dreams all fail and the ones we hail
Are the worst of all and the blood’s run stale »

Samuel n'a jamais voulu aller en Angleterre. Il ne voulait pas, il voulait rester dans sa petite région de France, il voulait rester en France. Il y a ses habitudes, ses lieux favoris, et les parcs qu'il aimerait montrer à ce bébé qui pousse dans le ventre de cette femme qui vit avec lui. Les autres parlent d'amour, il les entend souvent dire : pour rester avec un handicapé pareil, tu dois vraiment l'aimer Catherine. Regarde le ! Tu mérites mieux, et tu le sais. Ces mots, i les entend, il les comprend mais il ne sait pas comment réagir, comme toujours. Et Catherine a toujours aux autres de se taire, qu'il est comme tout le monde, et puis, oui, elle l'aime, ça vous dérange ? Mais le reste est sous un drap qu'elle cache. Les pleurs, l'envie de tout laisser tomber. Ils savent tout les deux que ce qu'ils sont n'est pas un couple, ils sont trop eux. Et puis, il y a eu la promotion en Angleterre Rien n'est facile avec Samuel, et lui parler qu'il faut aller ailleurs, dans un autre lieu, un autre pays. Aller ailleurs, il s'est arrêté là. Mais elle a un bébé, un bébé de lui, et elle ne veut pas qu'il grandisse sans père. C'est leur bébé. N'est-ce pas ? C'est ton bébé à toi aussi, Samuel. Viens avec moi, s'il te plait. L'appâter avec le bébé, c'est quelque chose d'ignoble, mais il a dit oui. Il ne pourra jamais apprendre l'anglais, alors il pourra rester à la maison, avec leur enfant. Papa au foyer, n'est-ce pas le plus métier du monde ? Papa au foyer, et rester auprès d'un être qu'on aime et qui nous aime en retour. Elle est un peu jalouse qu'il a pu rester à ses côtés. Mais leur vie a pris un rythme infernal, un rythme qui lui a échappé dès la naissance. Être avocate est un métier qui prend sur les ressources physiques et psychiques. Et la vie chez elle a pris les traits d'un film dans lequel elle n'est que figurante, qu'elle n'est plus figurante. Emma n'avait d'yeux que pour son père, et les rares fois où elle a prêté attention à sa mère n'a jamais été aussi intense qu'avec Samuel. Et Catherine a regretté l'Angleterre et Brighton. La vie n'est plus celle qu'elle était. Seule au galas pour ne pas montrer quel mari elle avait. Pour la première fois, elle a eu honte de cette famille qu'elle a créé elle-même. Ca lui a brisé le coeur. Ainsi que les autres jours. Voir son mari, et sa fille vivre d'amour et d'eau fraiche, et elle, au milieu de tout ça, à ne plus savoir quoi faire. Alors, elle est partie. Emma devait être trop petite pour avoir un souvenir de leur vie. Elle est partie, sans pour autant être irresponsable. Elle a pris en charge, et elle continue a prendre en charge, tout les frais qu'engendre leur vie. Mais elle est partie, et elle a laissé son mari et sa fille. Être heureux à deux, n'est-ce pas dans le fond, ce qu'ils méritaient ? Emma est toujours restée entre deux à propos du départ de sa mère. Quand à son père, elle sait qu'il a eu du mal à s'intégrer, à créer une vie seule. Et pour le peu qu'il a fait, rien n'a paru aussi merveilleux. Emma voit toujours son père, depuis toute petite, comme un héro. Elle le voit comme son héro à elle, et à personne d'autre.

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« I want to hide the truth i want to shelter you
But with the beast inside there’s nowhere we can hide
No matter what we breed we still are made of greed
This is my kingdom come this is my kingdom come »

Vivre avec papa, ça ne va qu'un temps, on le sait tous. Il n'est pas comme les autres, il fera des erreurs qui blesseront plus qu'à l'ordinaire. Trop maladroit, trop lui pour élever un enfant. Heureusement qu'il n'y avait pas l'argent à s'occuper, heureusement que Catherine venait parfois l'aider. Il était perdu, mais il aimait de tout son coeur sa fille, il l'aimait réellement. C'est quelque chose qu'on ne peut pas lui enlever, c'est la seule chose qu'il a réussi dans sa vie, ou presque, il y a eu d'autres choses, mais Emma reste son plus beau trophée. Sa plus belle chose. Ce petit bout de lui, mais en mieux, beaucoup mieux. Mais elle ne peut pas rester indéfiniment une enfant, elle grandit, elle apprend des tas de choses. Elle apprend à lire, elle apprend à compter, elle apprend comme elle peut, elle lui apprend aussi, parfois, souvent. Il essaie de la rendre heureuse comme il peut, avec ses moyens, avec ses capacités. Elle ne s'est jamais plainte, elle ne l'a jamais rabaissé. Au contraire, elle se mettait envers et contre tous pour dire que son père était le meilleur du monde. A son premier exposé sur le cycle de la lune, aux rendez-vous parents-élèves, et aux restes. De son jeune âge, elle s'est rendue compte des regards des autres sur la seule personne qui lui accorde de l'attention, sa mère a pris la fuite, elle ne vient même pas la voir aux événements de l'école. Papa est toujours là, lui. Il a promis de l'être, toujours là. Mais défendre bec et ongle ceux qu'on aime provoque parfois des conséquences qu'on ne veut pas. Elle a toujours pris la défense de son père, surtout dans la cours de récrée. Les enfants sont parfois plus horribles entre eux que les adultes, personne ne sait exactement, les souvenirs sont assez vagues, comme si on voulait oublier. Peut-être est-ce que c'est passé pour Emma, quand on lui demande comment elle était à l'école, elle ne sait jamais quoi répondre, elle murmure comme gênée un : comme tout le monde, je crois. Elle ne veut pas se souvenir avoir être enfermée dans les toilettes, elle ne veut pas se souvenirs être restée de longues heures, seule sur un banc, elle ne veut pas se souvenir de ce qui la poursuit encore aujourd'hui, encore maintenant. C'est trop pour elle, elle ne le supporterait pas. Tout comme dire la vérité à son père. Elle lui a menti, quand il demandé si tout se passait bien à l'école, elle lui a menti aussi quand il demandait des nouvelles de ses amis. Et aussi pourquoi personne ne venait à son anniversaire, et pourquoi elle n'a jamais été invité aussi. Elle a voulu protéger son monde d'une réalité qui lui brise sans cesse le coeur. Ca paraît enfantin, mais c'est loin de l'être. Il a fallu trouvé une alternative à ces jeux, à cette solitude. Un ami comme elle aurait voulu, un prénom prit au hasard, et une grande imagination, voilà comme naquit Zack. Un ami imaginaire qui a longtemps accompagné sa maternelle, un ami qu'elle n'aura pas à partager avec tout le monde. Un ami que papa voit aussi. Mais il n'a rien de réel, et quand la vérité éclate aux grands jours, le coeur s'effondre, et parfois, on n'arrive pas à attraper la réalité. Surtout quand le feu se propage doucement dans l'appartement, parce qu'elle s'est disputée avec papa, et que la bougie est tombée sur le sol. Elle s'est cachée pour chercher Zack, pendant que papa la cherchait elle. Elle cherchait son ami imaginaire, parce que c'est tout ce qu'elle avait. Mais elle ne l'a pas trouvé et tout ce qu'elle se souvient, c'est des bras la prendre, et puis, le noir. Le reste est flou, le reste s'est transformé en poussière quand elle a senti la réalité la prendre à bras le corps pour mieux la casser. Comme une poupée de porcelaine.

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« When you feel my heat look into my eyes
It’s where my demons hide it’s where my demons hide
Don’t get too close it’s dark inside
It’s where my demons hide it’s where my demons hide »

Le réveil à l'hôpital, et les questions de sa mère sur ce qu'il s'est passé, pourquoi il y a eu le feu, pourquoi tu n'étais pas avec papa, pourquoi tu n'étais pas là où tu devais être ? Emma, on a eu peur, pourquoi tu as fait ça ? Dis nous pourquoi ? Et ainsi de suite, et inlassablement, les mêmes questions, la même intonations de voix, et toujours les mêmes questions, et toujours les mêmes réponses. Toujours. Elle ne fait que lui répondre avec ses brides de souvenirs, elle cherchait quelqu'un, elle cherchait vraiment quelqu'un, parce qu'elle avait besoin de lui, ou peut-être parce qu'elle voulait lui donnait quelque chose. Elle cherchait quelqu'un, il n'a pas de quoi s'inquiéter, pas de quoi prendre ses grands airs de circonstances, elle est là, tout va bien non ? Elle se ferme un peu à la dame face à elle qui la pénètre avec le bleu de ses yeux, comme pour la disséquer, trouver une faille, sa faille. Mais dans tout les cas, elle sait que quelque chose va changer, la dame aux yeux bleus à regard triste, elle se cache tout de suite sous les couvertures, elle est en sécurité dans les couvertures, elle est protégée du reste, elle est protégée de la douleur, sous la couverture, papa va arriver, papa va la serrer dans ses bras, et papa va lui parler de feu-follets et de fées. Mais papa n'est pas là. Elle sort sa tête hors de la couverture, et regarde, paniquée, autour d'elle. Papa n'était pas là, il était pas là, près d'elle, papa est parti, comme maman. Et entre ses lèvres d'enfants, elle demande : papa, il est où ? Elle ne veut pas qu'il soit parti, c'est son papa à elle, et ce n'est pas celui des autres. Elle murmure la question, la sentence lui fait peur, elle sait que quelque ne tourne pas rond. Elle regarde sa mère avec ses yeux d'enfant perdu, et la suite lui brise le coeur. Sa mère ressemble à monstre comme ça. « Ecoute Emma, papa ne peut plus être avec toi. Il est dans un endroit pour lui, mais toi, tu vas venir avec moi, d'accord ? On va aller à la maison à deux. Je te promets de faire ce que je peux pour papa, mais je ne peux pas te dire que tu retourneras avec lui. Parce que tu ne pourras plus retourner avec lui. Emma, je sais que je ne suis pas une mère idéale, mais je te promets de faire des efforts. Alors, pleure pas, s'il te plait. » Si sa mère s'est aventurée une main sur son épaule, Emma a vite pris place sous la couette pour ne pas montrer ses larmes à personne. Elle ne reverrait plus papa, et son petite coeur d'enfant ne le supporte pas. Elle veut son père plus que tout, pas une maman qui ne sait même pas ce qu'elle aime comme glace. Elle veut son père. Et elle lui a hurlé quand sa génitrice lui a dit de cesser de faire l'enfant, que ce ne serait plus comme avant, point. Oui, tout sera différent, mais sans papa, personne ne pourra l'aimer, et elle ne peut pas mentir à maman sur ce qu'il se passe à l'école, elle connait sa futur institutrice. Elle ne peut rien faire, tout comme le reste du temps. Et à la sortie de l'hôpital, elle a dit à sa mère qu'elle ne l'aimerait pas, parce qu'elle est partie, et qu'elle lui enlève papa. Elle a tenu parole tout le temps que la maman a eu le courage de garder sa fille avec elle. Emma ne l'a jamais aimé. Surtout les premiers jours en primaire, quand elle demandait comment ça se passe en classe, dans la cours, etc. Si elle était fière d'aller à l'école avec son père, avec sa mère, elle n'avait rien à dire, elle parlait à sa place, et se mêler d'une vie qu'elle ne connait pas. Elle ne connait pas sa fille, et quand elle s'est rendue compte, elle a laissé l'institutrice devenir sa nouvelle maman. Mais elle n'a jamais eu de maman, du moins, pas avant que son ancienne institutrice primaire le devient.

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« When the curtain’s call is the last of all
When the lights fade out all the sinners crawl
So they dug your grave and the masquerade
Will come calling out at the mess you made »

Elle a arrêté de manger quand elle est entrée au collège. Emma est trop fragile pour le reste, Emma est trop fragile pour la vie. Mais personne ne le sait, personne ne se rend compte. Fragile, et l'admettre, c'est avouer qu'on ne sera qu'une rature en bas de page en pate de mouche, toute illisible. Elle a arrête de manger quand elle est tombée amoureuse. Mais rien ne lui a sauté aux yeux. Elle est juste tombée amoureuse, le coup de foudre. Une fille de sa classe. Une fille qui semble n'avoir rien en commun avec elle. Une fille, une blonde. Une belle, de blonde. Avec de grands yeux bleus. Elle s'appelait Lolita. Elle s'appelle toujours ainsi. Elle n'est pas morte, elle est juste ailleurs, avec la moitié de son coeur. Lolita, ou comment ouvrir la porte de l'enfer. Elle n'a jamais eu d'amis, de vrais, des personnes réelles. Faîtes de chairs et d'os. Et elle s'est pointée à son banc, elle s'est présentée. Un joli sourire, un compliment sur ses cheveux, et elles sont devenues inséparables. Elle donnait l'impression de ne rien savoir sur elle, qu'elle ne connaissait pas sa famille ou son père. Elles se sont parlés, elle se sont découvertes. Le temps avance, et ses sentiments ont grandi. Ils ont pris place dans tout son coeur, et on remplaçait la nourriture. Sans qu'elle se rende réellement compte. C'est partie de rien, d'une réflexion de Lola : tu crois de devrais manger ça, tu vas grossir après, tu as vu celle-là ? Elle a jeté son Kinder à la poubelle, puis ça été d'autres choses. Elle a suivi les conseils de son amie, elle s'est retrouvée avec un estomac de moineau, un tout petit estomac qui n'avale plus rien. La seconde année, elle s'est rendue compte qu'elle n'était plus réglée. Elle a pleuré, longuement, mais elle n'a rien dit à Paige. Sa mère adoptive, en quelque sorte. La seconde année fut celle où elle perdit pour de bon le gout de vivre. Entre sa mère qu'elle voit une fois tout les trois mois, et les visites, tout comme les fugues, chez son père, elle s'est accrochée à Lolita avec une telle force, un tel sentiment qu'elle ne pouvait continuer comme ça. Elle lui a dit, tout sur ses sentiments, et elle a senti ses lèvres sur les siennes, et le coeur qui bat plus qu'il ne devrait. L'amour. Celui avec un grand A. Le premier, celui qu'on trouve au détour d'une rue, dans un bus où à la plage. L'amour. C'est ce qu'elle ressentait pour Lolita. C'était vrai. C'était fort, elle était naïve. Elle a cru que c'était réciproque, pendant deux longs mois, les plus heureux, et les derniers de sa vie. Deux mois. C'est peu pour tout une vie. Elle est entrée dans la classe, elle a voulu se mettre à côté de son amoureuse, la place déjà prise, elle n'a rien dit, elle a pris la place du fond, tout le long de cours, et le suivant aussi. Elle s'échappait souvent Lolita. Jusqu'à midi, où elle a pu enfin la trouver au détour d'un couloir, elle lui a demandé ce qu'il se passait, elle a rit. Et la sentence fatal : Qui voudrait de toi, Emma ? T'es affreuse, t'es maigre. Et avec un père aussi con qu'une porte. Emma, t'as cru que j'avais de l'intérêt pour toi ? Tu n'as été qu'une distraction, sac d'os. Pas plus, pas moins. Elle est partie sans laisser le temps à Emma de s'expliquer, de parler. Elle s'est mise à pleurer, encore, encore. Sans pouvoir s'arrêter. Le coeur en miette, elle s'est rendue à son prochain cours, et elle a jeté le peu qu'elle avait à manger dans la poubelle. La seconde année, elle s'est rendue compte de la cruauté humaine, quand elle a vu en cours des gym des vidéos de Lolita et elle tournaient sur tout les téléphones. Des vidéos qu'elle pensait secrète. Des choses dites à coeur ouvertes, des gestes faits à corps ouverts. Elle est partie se cacher tout le long du cours. Elle ne veut pas affronter la vie. Et si elle a arrêté de manger, jamais elle ne s'est faite vomir. C'est quand en voulant rentrer qu'elle a vu son reflet. Le dégoût a pris place au fond de sa gorge pour ressortir dans la cuvette des wc. Elle n'a pas pleuré, elle n'a plus pleuré. Paraît que c'est ça, mourir intérieurement.

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« Don’t want to let you down but I am hell bound
Though this is all for you don’t want to hide the truth
No matter what we breed we still are made of greed
This is my kingdom come this is my kingdom come »

La mort prend parfois des formes inattendues, surprenantes, et parfois, elle se tapit en vous, et elle attend le moment propice, le plus idéal pour prendre ce qu'il reste d'énergie et de courage. La mort n'est pas venue pour elle, pas encore, ce n'est pas pourtant faute de l'avoir espérer. Mais son coeur lui a disparu aussitôt que le fossé s'est creusé entre Lolita et elle. Elle n'a pas, elle n'a plus l'impression qu'il bat. Il est mort, comme son corps qu'elle détruit, et le dégoût qu'elle ressent de plus en plus. Ce dégoût d'elle-même quand elle croise son reflet un peu partout. Sa vie a pris une tournure mélodramatique jusqu'à la fin du collège. Fin qu'elle aspirait depuis les rumeurs, les ragots, les coups bas. Elle a songeait à tout laisser tomber et à se laisser pousser la barbe, mais elle s'est obstinée, parce qu'elle veut au moins un diplôme dans les langues ou dans le dessin. Mais ses rêves, elle n'y croit pas, elle n'y croit plus. Surtout quand elle pensait le calvaire et l'enfer finis. Surtout si elle pensait que ce qu'il s'était passé avant qu'elle entre au lycée, reste derrière elle. A force de trop croire, l'inverse se passe, non ? Ou sa bonne étoile s'est perdue quelque part dans le ciel ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Tout ce qu'elle retient, c'est la douleur insatiable qui lui a mangé le coeur la première journée de cours. La douleur de voir Lolita, et les autres. De voir tout ceux qui on réduit à néant le peu de courage et de force qu'elle avait acquis au fil des années. Parce qu'elle ne peut pas, parce qu'elle sait qu'elle n'aurait jamais une armure en titane pour se protéger des autres. Depuis toute petite. Et elle garde ses secrets pour elle, juste pour elle. Laisser se mêler les adultes, c'est se faire passer pour la lâche de service, et elle ne veut pas avoir un tort en plus sur son dos, elle ne veut pas avoir ça en plus. Elle n'a pas les épaules assez larges, ou la force. Elle préfère prendre des petites réflexions, que d'aggraver la situation. Elle a toujours pris sur elle, elle n'a rien dit à personne. Elle a encaissé, encore, et encore. Elle s'est laissée tomber un gouffre qui sombre et dont la sortie semble bien loin de tout. Bien trop loin pour ses frêles petites jambes. Mais la lumière est venue une fois, quelque chose de fort, qui irradiait dans le sourire de Lolita. Du baume au corps, c'est quelque chose comme ça, l'effet que ça lui a fait. Elle a presque culpabilisé d'avoir laisser errer la lame de rasoir sur son bras, il y a quelques jours, ou quelques semaines, elle ne sait plus. Mais la personne face à elle, c'est Lolita. Sa Lolita. Celle qui arrive encore à lui faire battre le coeur, celle à qui elle pardonne tout, sans condition. Elle a été attentive, comme en classe. Attentive, silencieuse. Elle a tout écouté, du premier Je, à enfin voilà. Désolée, elle disait qu'elle était désolée, mais qu'elle n'avait pas le temps de parler là mais qu'elle vienne la voir à la fin des cours, pour mieux se parler, et elles ne seront rien qu'à deux, pas vrai ? Elle a acquiescé, et la journée a passé sans qu'elle se rendre réellement compte. Heureuse, ou un petit bout de bonheur dans le coeur a pris place. Un petit bout qu'elle a cherché dans le salle de gymnastique, mais elle n'a rien trouvé, sauf un gars qui trainait avec elle, tout le temps. Elle a voulu partir, elle ne voulait pas déranger, c'est ce qu'elle évite de faire le plus déranger. Mais elle est faible, elle n'arrive pas à se défendre quand elle se sent trainée dans le vestiaire des garçons, Elle a envie d'hurler, mais la bouche de l'inconnu trouve la sienne. Elle est perdue, elle s'est perdue, elle a perdu. Quand elle a senti ses mains sous son sweat-shirt,, son pantalon descendre le long de ses jambes. Elle a fermé les yeux, et elle n'a pas pleuré. Elle vient juste de perdre le peu coeur qui lui restait. Elle est morte, pour de bon. Et son corps n'est qu'une enveloppe vide. Elle n'est plus là. Quand il est parti, elle a fondu en larmes, elle a ramené ses jambes contre elle, pour cacher son visage. Elle n'a jamais autant voulu avoir le courage de trouver la mort, mais elle n'a rien de tout ça. Elle aurait pu rester là, à se morfondre, quand une voix connue, une voix qu'elle pensait perdue parmi les autres. Elle a vu Loucas face à elle, elle a senti ses bras autour de son corps malade. Elle a trouvé la mort bien douce et cruelle, mais ce n'était pas elle. Elle ne lui a jamais dit. Il s'est perdu entre le vestiaire, et la maison. Mais si elle se tient debout, c'est grâce à lui.

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« They say it's what you make i say it's up to fate
It's woven in my soul i need to let you go
Your eyes, they shine so bright i want to save their light
I can't escape this now unless you show me how »

Si elle aimerait être aussi éphémère qu'un papillon, ceux qui l'entourent, elle ne veut pas les voir disparaître avant qu'elle le fasse elle. Elle ne supporte pas la solitude, et même s'il y a son père. Elle le voit plus souvent qu'avant, que ce soit quand elle sèche ses cours pour le voir, ou de le voir à la porte à demander à passer la nuit avec lui. Et même si elle ne dit rien la présence de Paige a ses côtés lui donne presque l'illusion qu'elle est sa mère, mais elle ne l'ai pas, et toutes les deux le savent, enfin, elle le sait pour deux. Ca suffit, et dans tout ce bourbier qui l'entoure, dans toutes ses chaines qui la tiennent surtout, il y a Loucas. Elle ne sait pas ce qu'il est, et il y a fallu un moment pour avoir un mot, ou plus d'une phrase. Elle s'est enfermée dans un monde à elle qui trouvait souvent son entrée sous les lits des autres, ou le sien. Se cacher sous le lit pour ne pas aller à l'école, se cacher sous lit pour voir si on peut disparaître comme ça. C'est un peu ce qu'elle a voulu, après la rupture avec Lolita. Qu'elle ne soit plus là, comme par magie. Son coeur ne donnait plus l'impression de battre, elle se demandait comment elle peut encore vivre dans ses conditions. Et quand Morphée, jaloux de la voir si vite quitter son lit, a voulu l'envelopper d'un léger sommeil, il a bien vite vu ses plans disparaître quand la tête de fils de la maison passe sous le lit, et un sa voix qui extirpe sa proie du sommeil. Son qu'est-ce que tu fais là ? Elle a répondu vaguement, elle ne veut pas aller à l'école. Elle n'a pas envie. Là-bas, ça fait peur, là-bas, c'est quelque part de grand, qui bouffe les gens. Là-bas. Elle n'a pas envie d'y aller. Avec le peu qu'elle lui accordé d'attention, elle pensait qu'il allait partir mais il est venu la rejoindre, en parlant de Lolita, rien de bien grave, rien de bien marquant. Elle l'a regardé, et elle a compris que lui aussi n'avait pas envie d'y aller. Emma a ouvert la porte de son monde pour qu'il trouve une petite place, même si elle sait que ça fait plus fuir que de rester. Elle l'a laissé doucement une place un peu plus grande au file du temps. Chacun a ses secrets, et elle sait que les siens doivent être plus lourds que les siens. Et il n'est pas encore une corde de sortie, quelque chose qui constructif. Elle continue de ne pas manger, de fuir une assiette quand elle peut. Parfois, elle lui donne les restes, pour ne pas faire de gaspillage, il y a des enfants malheureux dans des pays plus pauvre, on ne doit pas gaspiller. Elle l'a laissé entrée dans sa vie quand il est apparu après son viol. Elle lui a laissé encore plus de place, sans qu'elle le sache. Elle en arrive à s'inquiète plus de ce qu'il se passe de son côté, que de sa routine. Loucas a pris plus de place qu'au départ. Elle les compare souvent au renard et au petit prince. Chacun est pour l'autre un renard, et il a fallu le temps pour qu'ils puissent tout d'eux s'apprivoiser. Mais ce n'est pas suffisant, ce n'est pas ce qu'il lui faut encore pour qu'elle commence à manger, ou pour qu'elle arrête de laisser trainer le soir une lame de rasoir sur ses bras déjà bien marqués ou ses cuisses. Elle tient assez à Loucas sans pouvoir le situer. Même si parfois, la distance qu'il arrive à mettre en eux la fait hésiter. Elle se demande pourquoi, ce qu'elle a fait de mal, et ses yeux scrutent ce corps frêle presqu'identique au sien, sans l'être vraiment. Si ce n'est pas une corde de sortie, c'est un pilier central de sa vie.