je visse mes ray ban sur mon nez avant de me regarder une dernière fois dans le miroir de mon salon. les cheveux gris, le costume noir et blanc, les lunettes de soleil, j'ai l'impression de ressembler à un acteur. ou juste à un vieux pervers qui essaye de se taper des gamines dans la vingtaine. j'en rejoins une maintenant, mais celle-là, c'est plus comme une mycose persistante. une jolie mycose persistante, le genre de mycose qui nous fait apprécier les efforts de la nature pour se rendre plus belle. et cette belle mycose s'appelle cordélia longfellow.

je l'ai toujours bien aimé cordélia. toujours assise au premier rang pendant mes cours, toujours attentive, douée, brillante. la seule qui m'ait vraiment manqué quand je suis parti d'Oxford. mais qu'est-ce qu'elle m'énerve aussi, elle me porte sur le système, elle m'épuise ! en fait, plus j'y pense et plus je me rends compte que c'est un peu ma deuxième petite fille. elle est exaspérante, mais j'ai du mal à m'en passer. danger in a skirt.
je dois la rejoindre sur le front de mer, à côté de la fête foraine. je sais qu'on va ressembler à un père et sa fille en balade (ou un grand-père et sa petite fille pour les moins sympas). mais je m'en fous, j'assume. je repère le vendeur de glace à l'italienne qui commence à me connaître - les glaces à l'italienne, c'est mon péché mignon. deux doubles vanilles, s'il vous plaît. il me regarde avec un sourire et me tend les glaces déjà prêtes quand j'entends derrière moi la voix de cordélia.