caem & laoise
the lessons that i've learned
i promise you i said "never again"
La sonnerie fait vibrer ses tympans. C'est fou ce qu'elle est désagréable, celle-ci. Mais elle sonne l'heure de la libération. Même si les cours la passionnent, elle est bien contente de se retrouver enfin en week-end. Elle rassemble ses affaires, les rangeant soigneusement dans son sac. Rassemble également ses cheveux, en une queue de cheval un peu négligée, loin de ses belles tresses habituelles. Parfois, elle repense à toi, tu sais. Plus grand, plus fort, plus âgé. À ce soir où tu t'étais imposé, où tu l'avais défendue. Où tu l'avais prise sous ton aile. Sous ta couverture. Elle se souvient encore de tes lèvres dans son cou. Elle s'aperçoit qu'elle rougit sans aucune raison valable et avec un soupir, se lève de sa chaise pour quitter la salle où il ne reste qu'elle. Elle croise quelques connaissances. Rarement des amis. Elle en a, un peu. Mais il faut dire que même en cinq ans passés dans la ville, elle a toujours un peu de mal avec les relations sociales, comme si elle avait passé toute sa vie dans une cave sans fenêtre ni porte. Un peu le cas, en fait. Sauf que la cave avait la dureté des ruelles sombres, et que les murs étaient des mains loin d'être innocentes. Elle laisse aussi ça de côté. Tout ça, qu'elle t'a confié ce fameux soir, alors qu'elle ne dit ça à personne. Si elle le regrette ? Bien sûr. Comme si tu pouvais la détruire avec ces détails de sa vie en ta possession. L'acte en lui-même ? Elle ne sait pas trop. En réalité, elle ne le regrette pas tant que ça, mais la ressemblance avec cet autre homme du passé la trouble.

Hors de l'enceinte de la faculté, elle retrouve le soleil et comme toujours, profite de sa caresse sur son minois de porcelaine. Comme si elle le chérissait, comme si elle avait dû s'en priver. Elle inspire à fond, retrouve un petit sourire discret et presque sincère. Elle a rarement l'air heureuse, Lao. Mais c'est son visage qui est comme ça. Un peu trop doux, un peu trop dur. Et la glace dans ses yeux n'aide en rien. Elle fronce les sourcils. Ses yeux se sont posés sur une silhouette. Sur ta silhouette. Elle s'est figée, puis elle reprend le pas, un peu accéléré pour être naturel. Elle songe un instant à partir en courant. Comme avant. Elle les distance tous. Elle est sûre d'être plus rapide et endurante que toi, tu sais. Mais pourtant, elle s'avance quand même vers toi. Son sourire a disparu, comme si elle t'en voulait. Pourtant, dans ce qu'il s'est passé, elle est aussi coupable que toi, n'est-ce pas ? Mais Lao, dans sa tête, ça tourne plus bien rond. Elle se mordille la lèvre, incapable de savoir comment réagir. Elle considère cette nuit-là comme une erreur, mais en était-ce vraiment une ? Tu sembles venu juste pour elle. Du moins c'est ce qu'elle se prend à s'imaginer. Ou à craindre. Elle s'arrête à quelques centimètres de toi, et ses lèvres s'entrouvrent à peine quand elle chuchote : « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Comme si elle avait peur d'être entendue, d'être vue avec toi, comme si c'était un crime, comme si votre nuit passionnelle avait été quelque chose d'affreux. Mais elle avait été, pour elle, quelque chose d'un peu irréel. Et de bien. C'est justement ça, le problème, justement. Son regard fuit un peu le tien, avant de venir l'affronter solidement, enfonçant ses deux océans dans tes yeux sombres et envoûtants. Dieu que tu lui ressembles. Dieu comme ça lui fait mal, tout au fond. Et Dieu que ça la rend contradictoire, la pauvre petite.