✰ il était une fois
La vie de Maia est relativement ordinaire - du moins jusqu'à ses dix-neuf ans - elle nait et grandit à Brighton en étant l'ainée d'une fratrie de trois filles. Ses parent ont toujours été unis et amoureux, donnant le meilleur pour leurs trois filles, bref une vie de famille formidable. Malheureusement alors que Maia est âgée de dix-neuf ans, qu'elle s'apprête à partir vivre à Londres pour poursuivre ses études de médecine, ses parents sont tués - renversés par une voiture - alors qu'ils rentrent d'un dîner en amoureux à l'occasion de leur anniversaire de mariage. C'est cette nuit-là que s'arrête la petite vie parfaite des Oswald. « Zoey, pose ce verre. Tu as cassé assez de vaisselle, tu ne crois pas ? » Le chagrin était intense chez les trois jeunes filles mais Maia se sentait obligée de prendre soin de ses soeurs et pour cela de ne pas laisser exploser ses émotions. La plus jeune de ses soeurs dormait sur ses genoux après avoir vider toutes les larmes de son corps, alors que la deuxième passait ses nerfs sur le mobilier et la vaisselle. « Alyx et moi, on va être placées en famille d'accueil jusqu'à nos dix-huit ans...alors excuse-moi mais non je n'ai pas cassé assez de vaisselle ! » Maia soupire doucement, sa décision avait été prise au moment même où les policiers lui avait annoncé la mort de ses parents. Ce n'était même pas une décision, c'était la suite logique des choses... « Vous n'irez pas en foyer, je vais devenir votre tuteur légal ! » « Et Londres ? » un rire nerveux s'échappa de la gorge de la jeune rousse. « Londres, c'était mon ancienne vie. »
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« L'une de vous peut m'expliquer comment une tâche de vernis est arrivée sur mon jean ? » Maia répondait à ses mails depuis la table du salon, et elle se contenta d'ignorer la nouvelle complainte de sa petite soeur. « Je ne sais pas, mais toi tu pourrais m'expliquer pourquoi je retrouve mon rouge-à-lèvres préféré dans ton sac ? » Maia ne peut s'empêcher de sourire, la vie à l'appartement était toujours éveillée. Si les filles se chamaillaient pour un rien - comme le font beaucoup de frangines - elles finissaient toujours par en rigoler entre elles. Après la mort de ses parents, Maia - avec l'aide de ses oncles - avait revendu la maison familiale, permettant ainsi de faire un peu d'économie, et elle avait acheté un appartement suffisamment spacieuse pour elle et ses deux soeurs. Depuis les trois filles - toutes majeures aujourd'hui - vivent ensemble, et cette terrible épreuve les a rapprochées plus que tout. « Dis Zoey, tu ne trouves pas que Maia s'apprête plus que d'habitude dernièrement ? » « Oui, j'ai remarqué. Si tu ne travaillais pas pour les miséreux, je pourrais croire que tu as rencontré quelqu'un à ton boulot ! » Maia secoua la tête, exaspérée mais en même amusée par les idioties de ses soeurs. La jeune femme travaillait en tant qu'assistante sociale dans un foyer d'accueil pour SDF et autres personnes nécessitantes. Elle qui aurait rêver être médecin, se plait dans ce boulot, être au contact des autres, leur apporter son aide, elle aime se sentir utile. Puis Zoey n'était pas très loin de la vérité, Maia avait bel et bien rencontré quelqu'un au cours de son travail.
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C'était en pleine nuit, Maia travaillait au centre avec quelques collègues. Son boulot consistait à tenir un registre des personnes qui souhaitaient passer la nuit ici, leur prodiguer un peu de nourriture et le minimum pour leur toilette. Il était trois heures du matin et tout était calme dans le foyer, Maia qui tenait l'accueil, piquait du nez tout en jouant sur son téléphone lorsqu'une voix se fit entendre. « Je vous prie de m'excuser, j'aurais voulu savoir s'il vous restait des disponibilités pour ce soir ? » Elle leva la tête surprise, la voix était calme et posée, un brin séductrice...Lorsqu'elle devisagea l'homme devant elle, Maia crut à une mauvaise blague; il était habillé relativement simplement mais pour vivre avec deux folles de shopping de marque, Maia devina aisément que ses habits étaient de qualité. « Ce n'est pas un hôtel ici ! » Peut-être son ton avait été froid et dur mais le jeune homme baissa la tête en rougissant. « Je sais bien, mademoiselle... » Devant l'embarras du garçon, Maia regretta rapidement sa réaction - qui était-elle pour juger les gens seulement sur leur tic de langage ou leur vêtements - Elle se leva et posa sa main sur l'épaule du jeune homme. « Je suis désolé ! Suivez-moi, on va vous trouver un lit... » Le garçon revint plusieurs fois, pas toutes les nuits, parfois Maia ne le voyait pas pendant une semaine puis il restait au foyer pour plusieurs jours. L'homme était toujours propre sur lui, charmant et poli, mais toujours avec une certaine tristesse dans les yeux. Maia fut sous le charme assez rapidement sans même s'en rendre compte...Un soir, il se confia à l'ensemble des résidents du foyer, parlant de son histoire, de son passé...Qu'il avait perdu ses parents très jeune et que toute sa famille lui avait tourné le dos, le laissant seul face à lui même. Maia fut touchée par cette histoire qui résonna quelque peu en elle - la perte de ses parents notamment - Le fait qu'il se confie permit aux autres personnes présentes d'en faire de même, c'était l'une des premières fois que Maia entendait ces personnes parler d'elles, et elle n'en fut que d'avantage reconnaissante à ce mystérieux jeune homme. « C'était très touchant ce que tu as dit tout à l'heure... » « Maia... » « Tu n'as pas à te sentir embarrassé en face de moi. Tu sais, moi aussi j'ai perdu mes parents et même si ma famille... » Elle fut coupée au milieu de sa phrase par le baiser surprise du jeune homme.
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Plusieurs semaines ont passées, et la vérité c'est que Maia s'en va travailler en espérant y croiser le jeune homme. Leur relation n'est pas vraiment définie, mais depuis ce baiser il est clair qu'il y a une attirance réciproque entre les deux. Même si le garçon semble de plus en plus gêné en présence de la jeune rousse. « Maia ! Tu as vu le journal ce matin ? Quel bel escroc ! » Maia croisa l'une des habituées du foyer assise sur les marches des escaliers de l'entrée. Elle fut surprise du ton de la femme et allait la questionner lorsque celle-ci lui tendit le journal qu'elle avait sous le bras. La photo d'un homme qui lui semblait familier trônait sur le devant du journal avec pour titre; le fils Hawkes donne de sa personne pour la campagne de son père !, le reste de l'article explique que ce Hawkes junior a passé plus de deux mois sous couverture pour savoir comment se passait la vie dans les centres sociaux, pour finalement appuyer la décision de son père, à savoir couper les subventions trop onéreuses des aides sociales. « Il nous a bien eu le petit avec ses larmes de crocodile ! » Les pièces du puzzle se mirent en place dans l'esprit de Maia, son regard se fige sur la photo et notamment sur le jeune homme. Des larmes de colère lui montent au yeux, et elle réduit le journal en une vulgaire boule avant de repartir en direction de sa voiture.