aller. inspire, expire. bien. trey t'as demander de le voir pour que vous vous expliquez. c'est rien s'expliquer pas vrai? et puis bon, il mérite au moins que tu l'écoutes. tu vas pas te comporter comme bliss. bliss, quelle pute. retire ce nom de ton esprit. bah, voilà c'est mieux. donc non, tu ne vas pas te comporter comme une garce. une garce voilà c'est le mot.
aller. inspire, expire. ah tiens, voilà une vitre dans laquelle tu peux te regarder. bien, très bien. oh bof, peut être que le verre de vodka que tu as pris avant de venir et bien. tu aurais pu t'abstenir. ah non, mince t'en as pris deux. tant pis, du courage liquide c'est toujours bon à prendre. et puis sans ça tu te serais étalée en larme à la minute où tu l'aurais vu. tu n'es pas stupide, tu vas te montrer digne, fière et indépendante. il t'as trompé non mais. c'est lui le méchant de l'histoire. après tout tu sais que tu ne devrais même pas l'autoriser à te revoir. c'est histoire de se dire "oh si, il mérite que je l'écoute", c'est des conneries ma belle, tu te bernes d'illusions. mais faut dire que ton monde il est flou en ce moment, comme la fumée de cigarette que tu rejettes à longueur de journée. t'es perdue, tu tourbillonnes dans un univers auquel tu n'appartient pas, t'es triste, t'es mal. tout ça à cause de lui.mais tu l'aimes aussi.ah voilà, t'es devant le restaurant. heureusement parce que bon, t'en avais marre de ressasser les mêmes pensées à chaque fois. vas-y entre. oui voilà c'est ça, réservation au nom de monsieur sullivan. ah bon, il n'est pas encore là. bien parfait, il va te faire attendre. d'habitudes c'est toi qui est en retard. quoi, alors t'étais pressée à ce point là? non bien sur que non. tu veux juste en finir au plus vite.
- s'il vous plait, apportez moi un gin tonique.
- bien tout de suite madame.
mademoiselle, grinces-tu entre tes dents. ah voilà le verre, tu le descend d'un trait. et bien oui, il fallait oublier le fait que tu étais arrivée en avance. quelle imbécile. oh là, tout doux, ça tourne dans ta tête. ah l'alcool. oui et bien tant pis.
ah le voilà qui arrive. respire, il ne t'attire plus. oui c'est ça, mens toi pour survivre à cette soirée. bien parfait. sois gentille fleur, aimable. sois adulte.
- t'es en retard.
peut être que tu aurais du parler moins fort. quelques voisins de table se sont retournés.
peut être que tu aurais du être plus aimable. on dirait qu'il s'est pris une gifle.
ah, c'est ton objectif d'être désagréable?
tu commences plutôt bien.

tu fais tapoter tes doigts sur la table basse de ton petit salon. t'as ton portable à côté de toi et tu regardes l'heure à peu près toute les trente secondes. t'attends quoi, trey ? ah oui, t'attends l'heure du rendez-vous. quel rendez-vous, trey ? le rendez-vous de ta vie sûrement. il est plus important que le premier rendez-vous que t'as donné à cette fille, la fille de tes nuits, de tes jours, de tes putains de rêves. fleur. encore et toujours fleur. pourquoi ça serait une autre de toute façon ? rien qu'en pensant à elle, t'as les larmes qui montent. t'es faible, trey. faible, faible, faible. mais tu l'as cherché, pas vrai ? elle a eu raison de te quitter, t'en es conscient, mais pourtant, tu la hais d'avoir fait ça, parce qu'elle savait qu'en faisant ça, elle t'anéantirait. remarque, c'est peut-être ce qu'elle cherchait ? peut-être que c'était sa vengeance. mais tu mérites pire comme vengeance. fallait pas coucher avec bliss, sa meilleure amie que tu considères plus comme une traînée que comme une femme. tu te souviens de ses regards, de ses mots. ça te ferait presque vomir maintenant. pourtant, le soir où t'as commis l'erreur, t'avais pas du tout envie de vomir. tu te donnes une gifle tout seul pour arrêter de penser et tu regardes l'heure. t'es en retard.
tu te lèves d'un bond, te regardes dans le miroir et tu fronces les sourcils. t'as l'air d'un zombie. faut dire que tu dors plus trop en ce moment, t'y arrives plus. tu sors vite et en quinze minutes, t'es devant le restaurant. t'as jamais été si imprudent de ta vie en voiture, t'as même brûlé un feu rouge, mais tu t'en tapes. tu veux pas faire attendre fleur trop longtemps. à peine arrivé, tu la vois à trois kilomètres. bon sang, qu'elle est belle. la voir te tord le cœur, t'as l'impression de mourir sur place. t'as la trouille, trey, comme la première fois que tu l'as embrassé. elle te dit pas bonsoir, elle te balance juste que t'es en retard. tu baisses les yeux et t'assois face à elle.
- je sais, je suis désolé.
désolé de quoi ? d'être en retard ou de l'avoir trompé ? deux couples se sont retournés vers vous. fleur a pas l'intention de se faire discrète ce soir apparemment, tu sais que ça va t'énerver, mais en même temps, t'as rien à dire. elle a le droit d'être en colère.
- tu veux boire quelque chose ?
t'arrives pas à aborder le sujet. tu voudrais lui demander si elle va bien, mais tu sais pertinemment qu'elle va t'envoyer bouler. t'aimerais lui dire qu'elle te manque, que tu dors plus, que tout te fait penser à elle, mais c'est pas le moment de faiblir, surtout pas. tes yeux noirs plongent dans les siens, t'essayes de voir si elle compte de tuer tout de suite, ou si elle compte attendre un peu.
toi sur le coup, tu préférerais te taper une crise cardiaque.

tu te trouves ridicule assis sur cette foutue chaise, dans ce foutu restaurant. tu préférerais être chez fleur. tu préférerais t'être faufilé chez elle sans un bruit, à l'attendre sur son lit, comme un gamin avec un sourire abruti. comme avant. tu te demandes un instant comment vous voient les autres personnes dans le restaurant. est-ce qu'ils se disent " regarde comme ils sont beaux tous les deux. " ou alors, ont-ils compris que ce soir, ce ne sera que règlement de comptes et douleur ? tu optes pour la seconde option et ça te brise un peu plus le cœur. fleur exige un gin tonic. exige, parce qu'elle te crache ça comme ça, sans un merci, et encore moins un sourire. t'aimes pas le ton qu'elle prend, mais t'encaisses et tu commandes un gin tonic et un whisky pour toi. t'as horreur du whisky, mais t'as envie de te brûler la gorge pour plus pouvoir parler. tu la regardes encore, tu la bouffes des yeux en fait, t'as jamais su la regarder normalement. t'es amoureux trey, t'es dingue d'elle, ça crève les yeux, tout le monde dans ce restaurant pourrait te le dire. mais tu le sais déjà de toute façon, et elle le sait aussi. tout comme elle sait que cette soirée va mal finir, parce que vous allez péter les plombs tous les deux, surtout elle vu comment elle commence la soirée. ce qu'elle te dit ensuite te glace le sang. elle sait comment te faire mal, elle est douée, fleur. tu restes impassible, tu sais qu'elle aime pas quand tu ne dégages aucune émotion, alors tu le fais là, c'est le moment de le faire.
- j'aurais dû tout t'avouer dès le départ, je le sais. mais j'ai pas eu le courage, parce que t'avais l'air heureuse et que je voulais pas te rendre triste. je voulais pas te voir triste, fleur.
t'as trouvé le courage de parler un peu, mais dès que le whisky arrive, tu t'empresses de boire une grande gorgée qui t'arrache la gorge, ça te fait même grimacer. elle doit bien se demander depuis quand tu bois du whisky, fleur. tu restes impassible, tu t'empêches de trembler. tu tritures le bout des manches de ton pull avec tes mains abîmées par ton travail.
- je...
t'allais encore lui dire que tu l'aimes, mais à quoi bon ? tu pinces tes lèvres et t'obliges à la fermer. ou du moins, à pas laisser le trey romantique l'ouvrir.
- je sais que tu pourras jamais me pardonner ce que je t'ai fait. mais tu sais aussi que je suis prêt à tout pour que tu me pardonnes un tant soit peu.
parce que je t'aime. t'as envie de rajouter ça, mais tu te donnes une gifle mentalement. tu bois à nouveau une gorgée de cette infâme boisson et ça te pique encore plus que la première fois.
t'hésites à dire si c'est le whisky qui te pique, ou si c'est le regard de fleur qui te transperce.

dans d'autres circonstances, ce restaurant aurait pu être l'endroit parfait pour passer un bon moment. d'ailleurs, quand on va au restaurant, c'est généralement pour ça. avec fleur, vous auriez pu manger quelque chose de bon, partager vos plats, vous auriez pu vous lancer des défis idiots et rire jusqu'à ne plus en pouvoir. ouais, ça aurait pu, si t'avais pas tout fait foirer, trey. lorsque tu t'expliques, fleur a presque l'air de s'ennuyer. ça te ferait presque paniquer, mais pourtant tu tiens bon, tu t'accroches et tu reprends même espoir lorsque tu sens dans sa voix un léger tremblement, à ce moment là, t'en profites pour la regarder, pour tenter de lire en elle. mais elle baisse les yeux, elle passe à autre chose. ce soir, elle est plus forte que toi, trey. elle est plus forte parce que tu t'énerves pas. t'as pas le droit de t'énerver de toute façon, parce que c'est ta faute si vous en êtes là, sombre idiot. t'as envie de lui rire à la face quand elle te dit qu'elle a faim. parce que tu t'en tapes. tu te fous royalement de la bouffe là. toi, tu veux juste lui parler, t'expliquer.
- super, t'as qu'à commander, moi je mange pas.
c'est vrai, t'as vraiment pas envie de manger. rien que de penser à une quelconque nourriture pourrait te faire vomir, alors t'évites. tu te rends compte que toi aussi là, t'as utilisé un ton froid et je m'en foutiste, comme celui que fleur prend depuis le début de cette soirée. t'es fier de toi là pas vrai ? ou alors, t'as juste envie de te buter ? lorsqu'elle s'approche de toi pour te demander quelque chose que tu redoutes déjà, tu te rapproches automatiquement d'elle, t'emmerdes la table qui fait barrière entre vous pour être à quelques centimètres d'elle. tu peux sentir son parfum, tu peux voir ce petit grain de beauté qu'elle a au coin de la bouche et que t'aimes tant. fleur bon sang. ta fleur. ce qu'elle te manque. tu dis rien, t'attends juste qu'elle parle. et quand elle le fait, t'as ce mouvement brusque de recul, qui fait se retourner les deux mêmes couple qui se sont retournés lorsque fleur a parlé un peu trop fort. elle vient de t'achever, ça peut se lire dans tes yeux. tu te sens honteux, tu te dégoûtes et tu te rends compte qu'elle a tout le pouvoir.
- à quoi tu joues, fleur ?
tu la détestes de te dire ça. parce qu'elle doit pertinemment savoir qu'en te disant ça, il y a des fortes chances pour que tu dérailles un tant soit peu. t'as ton regard déjà beaucoup trop noir qui s'assombrit encore. ton regard, c'est un mélange de haine et de honte. elle y est pour rien fleur, c'est ce que tu t'efforces de te dire dans ta foutue tête.
- je t'invite ici pour qu'on s'explique et toi tout ce que tu trouves à faire c'est envenimer les choses ? il t'arrive quoi au juste ?
t'as les nerfs, mais tu fais tout pour garder ton sang froid. une clope. putain ouais, t'as envie de fumer, de te niquer les poumons et d'en crever. tu humidifies tes lèvres, et tu reprends cet air triste. il te quitte plus lui, depuis que t'as tout perdu.
- tu veux me faire du mal ? d'accord, je comprends. mais s'il te plaît, fais ça vite. j'ai pas envie d'y passer des heures. alors vas-y, crache-moi ce que t'as à me dire, fleur, je t'écoute.
là, tu sais ce que tu fais. tu la confrontes face à un dilemme. elle veut jouer ? alors vous allez jouer. tu sais bien qu'en disant ça, soit elle va t'incendier de remarques, soit elle va pas oser, parce qu'après tout, tu le sais déjà que t'es qu'un salopard de première.

cette soirée commence doucement à te rendre malade. parce que t'es malade de devoir te la jouer sérieux avec fleur. parce que, t'es malade de ce que tu lui as fait à fleur. t'arrêtes de triturer tes manches, sinon tu vas finir par les trouer, et maintenant, tu descends ta main droite sur la poche de ton jean pour attraper ton paquet de cigarette. la clope t'appelle, tu le sens. t'as juste envie de te lever pour sortir t'en griller une. mais tu peux pas. ou alors, tu voudrais te lever, prendre la main de fleur et l'emmener dehors avec toi, parce que vous étouffez tous les deux, assis sur vos chaises à vous cracher un venin mortel au visage. tu contemples l'expression sans vie sur le visage de fleur, et là, tu prends peur. finalement, y a pas que toi qui ressemble à un zombie. est-ce qu'elle dort en ce moment ? est-ce qu'elle a pas été tentée de reprendre une de ces lames pour s'ouvrir les poignets ? cette pensée t'arrache un frisson douloureux. elle doit pas très bien comprendre pourquoi tu frissonnes d'ailleurs, mais tu peux pas t'en empêcher. là, t'aimerais bien attraper ses poignets, remonter ses manches et constater qu'elle n'a rien fait. mais tu peux pas faire ça, tu peux pas parce qu'elle va certainement te foutre une baffe si tu la touches. les quelques mots qu'elle te dit te rende encore plus triste et honteux que tu ne l'es déjà. putain ouais, t'avais pas le droit de lui faire ça, trey. t'es qu'une merde, un pauvre gars qui mérite que de crever dans les rues de brighton. tu baisses les yeux, tritures à nouveau tes manches.
- je sais.
tu t'excuses pas, parce que de toute façon, ça sert à rien. te relèves la tête parce que tu la sens bouger. elle passe ses mains dans ses cheveux que t'aimes tant caresser. vous êtes bien beaux là tous les deux. l'une triste à en mourir et l'autre tellement honteux qu'il voudrait ne plus exister. puis, tu vois fleur exploser. et elle se lance dans un monologue que t'écoutes attentivement en te mordant l'intérieur des joues. tout ce qu'elle dit est tellement sensé. c'est vrai ça, est-ce que t'as déjà pensé à ce qu'elle deviendrait si tu clamsait d'une overdose, trey ? t'es qu'un putain d'égoïste en fait. sa dernière phrase t'achève tout simplement. et puis, comme si ce n'était pas assez, tu remarques un larme sur sa joue gauche. alors tu fermes les yeux, comme pour te dire que c'est qu'un mauvais rêve. sauf que quand tu les ouvres à nouveau, elle est toujours face à toi, les larmes au bord des yeux. alors, trey ? tu réponds quoi à ça ? t'es bien con là pas vrai ?
- t'as raison sur toute la ligne. si tu savais à quel point je m'en veux fleur. si seulement tu savais.
tu t'arrêtes un instant, réfléchis un peu. t'as pas envie de dire de connerie, mais t'as peur de parler en fait. t'as peur de la blesser encore plus.
- mais s'il te plaît, ne dis pas ça. tu peux pas dire que t'as passé cinq ans de ta vie à vivre sur un mensonge. parce que je te jure, fleur, t'entends ? je te le jure sur ma foutue vie que j'ai toujours voulu ton bonheur.
t'es nerveux, parce que tu te rends compte que tu dis n'importe quoi. mais elle doit bien le voir que tu faiblis, que t'arrives pas à sortir un truc cohérent. t'es crevé, t'as juste envie de sortir prendre l'air avec elle. t'as juste envie de faire un bond dans le passé pour dire à cette salope de bliss d'aller se faire foutre.
- t'es absolument tout ce que j'ai.
tu sais pas pourquoi tu lui dis ça, mais il le fallait. c'est sorti naturellement, tu voulais même pas lui dire en fait, mais t'en sais rien, une pulsion. t'es sincère, pire que ça même. putain, t'as envie de t'enfuir avec elle là, au lieu d'être bloqué dans ce restaurant à la con.

où est passé le couple qui faisait mourir de jalousie tes amis, trey ? où est-ce qu'il est ? regarde ce que vous êtes devenus par ta faute. regarde, profite bien du spectacle d'horreur auquel t'assistes gratuitement. t'es fou, tu te détestes, parce que si t'avais pas couché avec cette fille parce qu'elle t'as pas lâché de toute la soirée, si t'avais continué à la repousser et si t'avais pas bu un peu trop, t'en serais pas là. ou alors, si t'avais jamais menti à fleur, peut-être que tout serait pas si grave. peut-être qu'elle aurait pu te pardonner sur certains points. peut-être même qu'elle aurait pu t'aider pour ce qui est de ton addiction à la con. tu poses tes coudes sur la table pour frotter tes yeux avec les paumes de tes mains. tu frottes fort jusqu'à voir des petites étoiles ou étincelles, t'en sais trop rien. tu regardes ton whisky que t'arrives vraiment pas à finir parce que ça te fout la gerbe et tu regardes ensuite le verre de fleur, vide. c'est seulement maintenant que tu te demandes si elle en a pas bu un avant que t'arrives. tu fronces un peu les sourcils, puis tu relèves la tête, les yeux rouges à cause des frottements, peut-être à cause des larmes que tu retiens aussi. elle te dit de ne plus jurer sur quoi que ce soit. c'est vrai, t'es totalement idiot de lui avoir juré quelque chose encore. putain mais trey, réfléchis avant de parler, crétin. t'as l'impression que ta dernière phrase fait revenir la fleur que tu connais. la fleur dont t'es amoureux. elle dit ton prénom, avec une voix douce, que t'as plus entendu depuis longtemps et ça te fait t'emplir d'espoir. tu sais pas trop pourquoi d'ailleurs. puis, elle se lève et ton cœur manque de s'arrêter. quoi, elle te largue comme ça là ? non, tu penses pas. tu penses juste qu'elle veut que tu la suives, alors tu te lèves aussi et rapidement, tu te retrouves dehors avec elle. ton cœur s'émiette un peu plus quand elle se met à crier et à pleurer en même temps. tu continues de te mordre l'intérieur des joues, t'es en train de te faire des troues dans tes joues d'ailleurs, mais tu t'en tapes, au moins tu te mets pas à pleurer. pourtant, t'as jamais eu honte de pleurer, c'est rien de pleurer, c'est humain, mais là, tu veux pas. parce que tu sais pertinemment que si tu fais ça, fleur va pleurer encore plus, et tu veux pas. fleur va pas bien, tu le vois, tu le sens, ça te fait flipper.
- fleur s'il te plaît... calme toi.
elle te fait penser à une lionne. lionne en cage. t'as envie de la prendre dans tes bras pour l'arrêter de trembler, mais t'as peur de sa réaction, alors tu restes comme un abruti face à elle. et t'arrives plus à contenir tes larmes, t'en as une qui se met à perler sur ta joue gauche.
- t'as raison, je devrais pas te dire ça. mais j'ai pas envie de le garder pour moi. et puis, tu le sais. t'es au courant que j'ai que toi, et putain, même si j'ai fait le con, même si je mérite amplement ce qu'il m'arrive, j'm'en fous, j'te le dis quand même que je t'aime, et que je suis capable d'attendre des années que tu trouves un moyen de me pardonner.
tu te sens terriblement niais. t'aimes pas ça. ou du moins, t'aimes pas quand tu l'es trop, mais si c'est le seul moyen de lui faire comprendre que, quoi qu'il arrive elle sera toujours à toi, alors t'hésites pas. tu portes la main sur ton paquet chéri de cigarettes et t'en colles une à tes lèvres que t'allumes rapidement. t'as l'impression de revivre un peu là.

t'inspires une grande bouffée d'air frais, t'en avais besoin, plus que n'importe quoi, plus que cette clope que tu consumes beaucoup trop vite. tu la consumes au rythme de ta relation avec fleur. vous êtes là, dehors, à éviter le regard de l'autre, parce que vous en êtes à un point de saturation, vous avez beaucoup trop mal, vous en pouvez plus. t'expires la fumée de ta cigarette et te concentres dessus. tu regardes danser la fumée, comme danse ta vie en ce moment. tu vois, ta vie, elle s'évapore aussi vite que la fumée en ce moment. elle est aussi floue. fleur, elle te répond plus, c'est comme si d'un coup, elle n'était plus qu'un fantôme. elle reste un moment figée devant toi, sans rien dire, ça te fout mal, encore plus mal que tu ne l'es déjà. parce que t'as qu'une envie, c'est de la prendre dans tes bras pour lui dire que t'es là. mais à quoi bon ? à quoi ça te servirait de dire que t'es là, trey ? le truc, c'est que maintenant, quand t'es avec elle, elle a plus mal qu'autre chose. finalement, tu devrais peut-être partir de sa vie, parce qu'au fond, t'es mauvais pour elle et elle mérite mieux. tu relèves un peu la tête quand tu la vois faire un pas. mais rapidement, elle recule. elle est pas folle, fleur. t'as déjà fini ta cigarette. félicitations, tu viens de te détruire les poumons, trey. tu jettes le mégot au sol et t'as l'impression de te voir toi. t'es un peu comme une cigarette. tu t'es fait fumer et jeter au sol, mais par toi-même, c'est ça le pire. et puis, sans que tu t'y attende, elle vient se blottir contre toi. en temps normal, t'aurais juste poser tes mains sur ses hanches, mais là, tu restes de marbre. puis tu réalises qu'elle est dans tes bras, alors tu passes tes mains dans son dos, tu resserres un peu l'étreinte, parce que tu veux la sentir un peu plus contre toi, ta fleur.
- je sais, fleur... je sais.
elle se met à tambouriner ton torse, pas trop fort non plus, mais tu sens tout de même les coups. t'as l'impression qu'elle veut juste te dire " tu vois ce que j'encaisse ou pas ? " alors tu la laisses faire jusqu'à un certain moment où tu saisis ses poignets, pas trop fort, juste pour qu'elle arrête.
- t'as mal, je sais. je te fais mal, je sais.
tu plonges une fois de plus ton regard dans le sien, et tu finis par coller ton front contre le sien. tu fermes les yeux et soupires. tu tiens toujours ses poignets et tu t'en rends compte seulement maintenant, alors tu les lâches, et tu diriges tes mains sur ses bras.
- mais fleur, je veux juste que tu sache que plus jamais je ne te ferais de mal.
ça sonne un peu comme des adieux. c'est vraiment ce que t'es en train de faire ? t'es vraiment en train de lui faire ça là ? mais est-ce que tu sais au moins ce que tu fais en lui disant ça ? elle est tout ce que t'as, et toi, tu joues avec le feu. mais au moins, tu lui fais comprendre que, tant qu'elle ne voudra pas de toi, alors, tu n'essayeras plus de la séduire à nouveau comme au premier jour. tu sais pas si tes paroles vont l'effrayer ou quoi, mais t'espères juste qu'elle comprendra qu'à travers ces mots, c'est son bonheur et seulement le sien que tu veux.

la tension, toute cette tension accumulée en un rien de temps, s'éloigne doucement. peut-être que tes gestes doux envers fleur y sont pour quelque chose, tout comme le ton que tu prends avec elle, celui que t'as toujours pris avec elle lorsqu'elle ne va pas très bien. celui qui lui rappelle que quoi qu'il arrive, tu l'abandonneras pas. pourtant, en ce moment, tu penses un peu à le faire, parce que t'es presque sûr que ça serait bien pour elle. mais en même temps, toi, tu ferais quoi si fleur, elle t'abandonnait entièrement ? tu te buterais certainement à la drogue, jusqu'à ne plus pouvoir penser, parce que penser te ferait bien trop mal et tu préférerais crever. et puis, est-ce que t'es réellement prêt à la laisser partir ? non, tu crois pas. t'es même pas capable de lâcher ses bras actuellement. t'es si faible. t'oses plus regarder fleur dans les yeux, parce que t'as peur d'y voir trop de tristesse, trop de haine et de déception. en fait, même toi tu voudrais pas te regarder dans les yeux, tu te dégoûtes. tu fais glisser tes mains le long de ses bras pour ensuite les rabattre près de ton corps. t'es un peu comme une statue. t'as l'impression que fleur s'est calmée, comme si d'un coup, toute sa haine s'était envolée, mais tu sais bien que c'est faux et qu'elle t'en voudra probablement toute ta vie. tu sais que maintenant, rien ne sera plus jamais pareil entre elle et toi. cette confiance aveugle qu'elle avait en toi, oublie-là. t'as réussi à la briser. t'as brisé fleur, cette fille dont t'as toujours souhaité le bonheur. comment tu t'es débrouillé, trey ? pourquoi t'as fait le con comme ça ? tu savais bien qu'un jour, elle apprendrait tes conneries. t'as envie de te donner des coups à penser à ça, t'as même les larmes qui montent, mais tu les ravales. assume tes conneries, trey, assume.
- j'attendrais que tu trouves.
c'est direct, tu balances ça sur un ton distant, mais c'est parce que t'es fatigué et démesurément triste. ça te bouffe de l'intérieur de la voir comme ça, ta fleur. tu préférerais voir n'importe qui d'autre aller mal, mais pas elle. fleur, tu serais prêt à tuer pour qu'elle soit heureuse. tu soupires et lèves la tête pour observer le ciel noir. y a même pas d'étoiles ce soir, tout est tellement triste.
- tu ferais mieux de rentrer chez toi, fleur. c'était peut-être pas la meilleure des idées de t'emmener ici, je le reconnais, et j'en suis désolé.
t'essayes de lui sourire un peu, mais t'échoues lamentablement. tu sais pas trop comment t'y prendre pour lui dire au revoir, alors tu t'approches d'elle, et tu déposes un baiser sur son front avant de reculer et de disparaître le plus vite possible. t'es à saturation, et tu sais que si tu l'entends parler encore une fois, tu vas jamais arriver à la quitter ce soir, alors oui, tu pars comme ça, mais elle sait très bien pourquoi tu le fais, parce que fleur, elle te connait mieux que personne.