t'es allongé dans ton canapé, à regarder un vieux film que tu connais par cœur pourtant, qui veut la peau de roger rabbit ? un de tes films préférés quand tas pas le moral ou quand tu veux tout simplement penser à rien. tu bois ta bière au goulot, et tu répètes les phrases du film. tu te souviens que kit, il détestait quand tu disait les répliques des acteurs, mais là tu t'en fous, t'es seul chez toi. ce soir, t'as décidé de dire merde à tes sautes d'humeurs. ce soir, tu veux être bien, et tu fais tout pour. clope au bec, tu la mélanges à la bière. là, t'es tout simplement bien, et ça t'est pas arrivé depuis longtemps de l'être. t'entends ton portable vibrer, alors, sans même regarder de qui il s'agit tu décroches. t'as même pas le temps de dire le fameux allô qu'une voix tremblante au bout du fil se met à te parler. tu reconnais la voix. tu connais qu'elle. fleur. elle est pas dans son état normal, tu le ressens dans sa voix qui tremble, dans sa façon de parler. automatiquement, tu te relèves du canapé, t'es même debout. tu fais un bond quand elle te dit de venir chez elle. tu cherches même pas à comprendre, tu prends même pas le temps d'éteindre la télé et tu sors dehors, t'oublies presque de fermer la porte à clé. tu bondis dans ta voiture et t'es devant chez elle en même pas cinq minutes. heureusement, c'est tard et plus personne à cette heure-là ne roule. y a qu'un taré comme toi pour faire ça et pour griller tous les feux. mais c'est fleur, et t'es capable de tout pour fleur. tu sors de la voiture et tu te diriges derrière la maison. t'es jamais rentré chez elle par la porte d'entrée, tu trouves ça trop banal sûrement. non, toi, t'es du genre à te compliquer la vie, à passer par des endroits improbables et du coup, t'es déjà dans sa chambre, sauf qu'elle est pas là. alors tu sens ton corps trembler. t'imagines la connerie qu'elle a pu faire et t'en deviens presque fou.
- fleur ?
t'avances dans le couloir, ce long couloir que, plus jeune, t'adorais et où tu te voyais skater toute la journée. le fait qu'elle ne te réponde pas te fait paniquer. putain, t'es où fleur ? tu te répètes ça sans cesse en tête. mais t'as l'impression que ton instinct te dit d'aller dans la salle de bain au fond du couloir, où tu l'as déjà surpris en train de se fendre sa peau de porcelaine. si t'étais croyant, tu serais sûrement en train de prier là, mais tu l'es pas, alors t'espères juste qu'elle prend une douche, ou même, t'espères qu'elle n'est pas dans la salle de bain. pourtant, quand t'ouvres la porte, tu la vois au sol. ton regard se dirige automatiquement vers ses poignets salis de rouge.
- fleur putain !
t'es furieux et paniqué à la fois. ça pisse le sang, c'est pas beau à voir. tu vois bien que fleur, elle a plus de force et que si tu fais rien, elle va tomber dans les pommes. alors tu fouilles dans un placard et tu trouves des bandages. tu connais bien la maison, c'est pour ça que t'as pas de mal à trouver tout ce dont t'as besoin pour aider ta fleur en train de s'éteindre doucement. tu tournes la tête vers elle et tu la vois fermer les yeux de plus en plus. t'as ton cœur qui te fait mal à force de tambouriner trop fort, mais tu prends sur toi. parce que si elle te voit flancher, c'est foutu.
- je t'interdis de t'endormir tu m'entends ?
tu t'agenouilles à côté d'elle et tu t'occupes de bander ses poignets que tu serres assez fort. t'en as rien à foutre si ça lui fait mal, tu te dis qu'elle avait qu'à pas faire ça, mais au moins, ça saignera plus.
- putain, qu'est-ce qui t'a pris ?
tu la regardes, de tes yeux charbonneux et t'as qu'une envie là, c'est de partir, parce que ça te dégoûte. parce qu'elle aussi, elle t'avait promis d'arrêter. tu t'assois contre le mur avec elle et tu regardes droit devant toi, parce que sinon, tu sais très bien ce qu'il va se passer. tu vas vouloir l'incendier. si tu l'aimais pas comme un dingue, tu lui aurais déjà fait mal.
mais tu crois pas qu'elle a assez mal comme ça, trey ? tu crois pas que c'est de ta faute si elle fait ça ?

tes paupières sont lourdes quand tu les ouvres à nouveau. t'as entendu ses pas dans le couloirs. tu sais qu'il est là maintenant. tu vois les tâches rouges que forment tes poignets. ça faisait un bon moment que t'avais pas fais ça ma pauvre fille. visiblement, t'avais oublier que le sang, t'en avais beaucoup dans le corps. mais visiblement t'as rien dans la tête. tu ne peux pas bouger, t'es comme une poupée de chiffon. molle. tes yeux sont à moitiés ouverts et t'aperçois juste sa silhouette, floue. t'entends du bruit, et tu comprends qu'il fait un sacrée beau remue ménage dans ta salle de bain. pourtant, ce soir, t'es pas en état de te plaindre. t'es en état de rien faire en fait. tu l'entends prononcer ton nom et à sa voix, tu sens qu'il est hors de lui. t'es satisfaite, c'est ce que tu voulais. sa voix à cet instant, t'en frissonnerais presque. mais pas de plaisir, ou même de joie. c'est que ce soir trey, il te ferait presque peur. et c'est seulement maintenant, là, au milieu de ton sang dans ta salle de bain d'enfance que tu comprends que t'as peur de lui tout simplement. t'as peur de le perdre. t'as peur de ce que tu pourrais faire sans lui, ce que son absence te ferait faire. mais pire encore, t'as peur de ce que tu peux te faire s'il est toujours là. là ce soir dans ta salle de bain, et là demain dans ta vie. t'es coincée fleur, t'es dans une impasse. tu peux pas vivre sas lui mais tu ne peux plus vivre comme ça. il t'as trahit. qui sait si tu es au courant de toute la vérité? t'es paumée ma pauvre fille, t'as plus rien, juste du sang sur les mains : le tiens. dans cette histoire, c'est toi qui va continuer à payer les pots cassés. parce que t'es irrémédiablement trop amoureuse de lui pour devenir indépendante ou pour aller voir ailleurs. tu te rappelles pas que de toutes façons, ça a toujours été ainsi? que t'as toujours été la cinquième roue du carrosse, que t'étais jamais invité aux anniversaires et que personne ne jouait avec toi à la récréation? en fait, tu sortira pas de ce rôle. c'est le rôle que la vie t'as collé et que tu le veuille ou non, tu seras jamais la vedette à qui tout souri. toi t'es juste le second rôle qui se fait buter en premier dans les films d'horreur. il t'interdit de dormir. ton inconscient te dit de dormir, juste par défi. juste par esprit de contrariété. mais son ton te fait peur et tu obtempères. tu vois à quel point c'est difficile de ne pas dormir mais tu essaies de toutes tes forces de garder tes yeux ouverts. tu le sens se rapprocher de toi et te prendre les poignets. il te fait mal. tu souffres mais tu la fermes. premièrement, parce que t'es incapable de de sortir un son de ta bouche, ça te demanderait trop d'efforts. deuxièmement parce que tu sens la rage dans ses mouvements et te plaindre ne ferait que la décupler. il serre tes bandages fort, trop fort peut être et tu sens ta peau à vif. t'es écorchée fleur, et pas seulement de l'intérieur.
il t'as prit quoi fleur? c'est vrai qu'est-ce qui t'as prit? au moment où il te pose la question, t'oses pas répondre. il s'assoit à côté de toi. ne te regarde même pas. t'as peur de bouger ou même de respirer. tu sais pas quoi faire, encore une fois. alors tu réfléchis. d'abord parce que t'es pas fichue de trouver une réponse cohérente et puis ensuite parce que la raison pour laquelle t'as fais ça, tu t'en rappelle même plus. t'es tout hagarde là, comme si on venait de te tirer d'un sommeil profond. t'as soif et t'as la nausée. au bout de quelques minutes, t'as assez de souffles, de forces et de courage pour formuler quelques mots.
- tu me manquais trey.
tu l'as juste murmurer mais dans le silence de plomb dans lequel vous baignez depuis tout à l'heure, il n'a pu qu'entendre. t'as beau lutter, tes yeux finissent par se fermer. la lumière est trop forte, trop crue pour que tu puisse la soutenir du regard et l'idée de trey à tes côtés, refusant même de te regarder te parait plus insupportable encore que l'idée que t'aurais pu y rester là, ce soir.

regarde-toi, regardez-vous. qu'est-ce que vous êtes vraiment ? t'oses toujours pas la regarder, par peur de faire un truc idiot, comme lui crier après ou sortir de la pièce pour la laisser ici. vous vous faites du mal depuis que vous n'êtes plus ensemble. vous vous faites mal et, comme si vous étiez maso tous les deux, vous en redemandez à chaque fois. mais ça commence à te fatiguer, toi. t'as plus envie de lui faire mal. ce soir, t'as même pas envie de rester avec elle, pourtant, y a quelque chose qui t'empêche de partir. la peur peut-être. ouais, c'est ça, t'as peur qu'elle parte à jamais ce soir si tu restes pas. parce qu'après, tout, c'est ce qu'elle a failli faire là. partir à jamais, te laisser seul. à cette évocation, un frisson parcourt ton corps. elle a vraiment voulu t'abandonner ? te laisser seul ? tu tournes la tête vers ses bandages, et tu te rappelles qu'avec l'énervement, tu les as serré bien trop fort, alors tu prends ses poignets, délicatement, et tu desserres les bandages. tu restes le plus calme possible, et pour ça, faut pas que tu parles, tu le sais, tout comme fleur le sait. t'es comme ça toi. pour te calmer, faut plus que t'entendes un bruit, faut plus que tu parles. plus rien. faut plus que t'entendes la moindre chose désagréable. une fois que t'as desserré les bandages, tu reprends ta place contre le mur, t'appuies ta tête contre celui-ci et tu regardes la lumière. ça te tue les yeux, mais tu t'en fous pas mal. fleur murmure quelques mots que t'as l'impression qu'elle crie tellement que le silence règne dans la pièce. t'as un rire ironique qui sort de ta gorge. t'aimes pas du tout ce qu'elle vient de te dire.
- je te manquais ?
tu la regardes enfin. elle est épuisée, ça se voit et ça te fait mal au cœur, mais pour l'instant, t'as besoin de t'expliquer avec elle. ensuite, t'iras peut-être la porter dans son lit, mais c'est pas encore le moment.
- rassure-moi, tu te mutiles pas dès qu'une personne te manque hein ?
t'es furieux. et tu comprends pas comment elle peut te dire que tu lui manquais. son raisonnement est pas logique. elle avait pas besoin de se saigner les veines pour que tu déboules chez elle. un simple tu me manques aurait suffit. tu soupires, et tu te relèves. d'abord, t'attrapes un gobelet posé sur le rebord de l'évier de la salle de bain que tu remplis d'eau et que tu tends à fleur, parce qu'elle doit avoir soif avec la frayeur qu'elle a dû se faire. ensuite, quand elle à terminé de boire, tu la relèves, doucement, comme si t'avais peur de la briser en mille morceaux. tu peux plus la voir aussi mal, tu veux plus.
- je vais t'emmener dans ta chambre, t'as besoin de repos.
et tu commences à marcher avec elle. vous allez pas vite, mais la chambre est pas très loin de la salle de bain, heureusement. quand tu passes la porte de sa chambre, t'as des tas de souvenirs qui te reviennent. tu te souviens, trey ? tous ces moments de joie avec fleur ? tu te souviens, trey ? que c'est de ta faute si t'en revivras plus jamais ? tu la déposes dans son lit, et toi, tu t'assois sur le bord. t'es un peu son ange gardien là. tu l'as toujours été de toute façon. t'as jamais accepté que fleur se mutile, t'aurais préféré le faire à sa place, tu serais capable de prendre sa douleur pour qu'elle aille mieux. tu caresses son visage du dos de ta main. ça t'a manqué tout ça, sa peau pâle et douce. t'hésites à partir, tu sais pas vraiment si tu dois rester en fait. elle doit le sentir que t'hésites, ça se voit de toute façon, quand t'es pas sûr de toi, tu regardes tout autour de toi, comme si la solution se trouvait dans la pièce.

son regarde s'est enfin posé sur le cadavre que tu es. son cynisme est perceptible et ça te fait mal. comme s'il se moquait de toi. tu regrettes aussitôt tes mots, qui pourtant étaient sincères. apparemment, lui dire tout ce que tu avais sur le coeur n'était pas la bonne solution. et puis alors quoi? être honnête ne pourrait pas vous faire de mal, surtout pas à toi. enfin tu penses, t'espères. parce qu'il te restes que ça, l'espoir de récupérer trey dans ta vie, son bon comme son mauvais côté. ses mots t'ont visiblement assez vexée et touchée pour qu'une once de colère subsiste en toi. c'est marrant la colère, même si tu veux la tuer, elle reste en vie, toujours. et quand tu penses qu'elle est partie, que t'en es débarrassée une bonne fois pour toute, elle réapparaît. pouf, comme par magie.
- ferme la trey.
tu ne sais pas si il a entendu mais tu t'en contre fiche. ce trey là, c'est pas le tiens, ce qu'il pense t'importe peu. depuis quand c'est devenu aussi froid entre vous, t'es incapable de t'en souvenir. vous avez traversé toutes sortes de situations, mais là, t'as plutôt l'impression de trouver dans une belle et immense impasse. tu le vois se lever et t'apporter de l'eau. ta fierté te conseilles de l'ignorer ou de le lui balancer en pleine figure, ce qu'il méritait surement le plus. mais ton instinct de survie t'indique plutôt que tomber dans les pommes pourrait être la suite logique des événements et tu capitules. l'eau te rafraîchit. tu remarques à peine les précautions que trey emploie avec toi. lorsque que tu lui tends le gobelet, tu ne songes même pas à le remercier. non pas par manque de politesse, mais parce que tout ça te semble naturel. il a toujours été là dans ces moments. t'as un peu l'impression de voir un vieux film, vieil épisode d'une série que tu connaîtrais sur le bout des doigts. il te relève et tu te laisses faire, obtempérant sous ses mouvements. vous évoluez avec lenteur mais bien trop vite pour toi. ta tête tourne et tu sentirais presque tes jambes se dérober sous ton pauvre poids. mais tu tiens bon parce que tu ne veux surtout pas voir trey te regarder avec pité ou s'énerver à nouveau. tu rumines encore des idées noires et ta mauvaise humeur ne s'est pas écoulée en même temps que ton sang. la seule chose qui a changé, c'est que tout est pire. pire t'entends? il s'assoit au bord de ton lit. il sait pas quoi faire, et t'en rirais presque, il te fait penser à un gamin perdu. mais ce soir, t'as tout sauf envie de rire. la seule chose que tu désires, là, maintenant, plus que tout au monde c'est lui. mais la barrière dressée entre vous semble bien trop épaisse à présent. pourtant tu donnerais tout pur la faire exploser.
- t'es pas obligé de rester. je sais pas pourquoi je t'ai appelé. enfin si je sais. mais je te force pas. c'est stupide de continuer à agir ainsi, toi et moi.
ton ton est calme, serein. ta gorge est nouée mais ce soir, tu ne veux plus laisser les larmes monter. tu préfère rester comme ça. tu pourras rien faire contre sa volonté fleur tu sais. tu retrouves tes esprits, t'y vois plus clair, comme à chaque fois où tu mets tes veines à nues. tu te sens au fond du trou mais tes propos sont censés. tu reprends ton souffle.
- mais quoiqu'on décide de faire et même après tout le mal que tu m'as fais, que l'on a pu se faire, je t'aimerais toujours.  

tu lui as fait mal et c'est seulement maintenant que tu t'en rends compte. où est passé ta gentillesse, trey ? où est-ce que t'as abandonné le garçon compréhensif et attentif ? tu l'as paumé en chemin lui aussi ? t'es plus qu'une boule de nerf et d'angoisse en ce moment, comme si toute ta joie de vivre s'était tirée plus vite que son ombre. ça te fait peur. tu te fais peur. tu vois dans le regard de fleur une once d'énervement, au moins, tu te dis que c'est pas totalement un zombie. elle te dit de la fermer, et tu le fais. de toute façon, t'as rien à dire, t'es dégoûté par le spectacle que tu viens de voir. tu la sens s'éloigner de toi petit à petit trey ? est-ce que t'arrives à sentir que là, si tu continues comme ça, tu vas la perdre pour de bon ? t'as envie de te frapper jusqu'au sang parce que tu te détestes.
quand vous êtes dans la chambre, qui regorge de souvenirs, les derniers étant ceux où fleur t'as dit de virer de sa vie, t'as l'impression que la tension redescend un peu. mais seulement un peu. t'es près d'elle, et là, t'as qu'une seule envie, c'est de t'allonger à côté d'elle. mais t'as pas le droit. enfin, c'est pas que t'as pas le droit, mais tu sais pas comment elle pourrait le prendre. alors tu restes de marbre, jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole. sa voix est fatiguée, elle force un peu pour parler. ça te fait presque mal. regarde ce que tu as fait, fleur. pourquoi t'as fait ça ? tu souffres pas assez ? t'aimes peut-être avoir mal ? voilà ce que tu aimerais lui dire, mais tu te retiens, tu mords l'intérieur de tes joues pour te la fermer. t'écoutes attentivement tout ce qu'elle te dit, et ses derniers mots te font l'effet d'une bombe, tellement, que t'as l'impression que l'ancien trey revient un peu. tu la regardes, t'arrives plus à la quitter du regard, parce que t'as peur qui lui arrive quelque chose, c'est complètement insensé au fond, mais on sait jamais avec fleur.
- je vais rester. même si je suis pas la personne que tu as forcément envie de voir, je veux pas te laisser seule ici.
tu reprends ton air sérieux et sûr de toi. tu fronces un peu les sourcils et tu tournes la tête vers la fenêtre pour observer le ciel noir, démuni d'étoiles. ça sera bien la première fois que tu vas dormir autre part que dans la chambre de ta fleur ce soir, ça va te faire drôle. tu sais déjà que tu vas rien dormir de la nuit. ou alors, t'as qu'à dormir sur le tapis, tu l'as déjà fait parce que t'es un tantinet timbré, parce que ça avait fait rire fleur aussi. tu repenses aux dernières paroles qu'elle t'as dit, et tu fermes les yeux, rassembles tes mains en prière et les ramènes devant ton visage. pourtant, tu pries pas, non, t'es juste en train de te rendre compte que t'es le plus grand des connards.
- si tu savais à quel point je me hais, fleur.
toujours les yeux fermés, t'oses plus les ouvrir. ce que tu viens de dire, c'est pas pour essayer de faire pitié, c'est juste ce que tu penses, ce que tu ressens, et t'avais besoin de le dire. t'aurais très bien pu le dire à n'importe qui, à fleur, un passant ou un réverbère, mais il fallait que tu t'entendes dire que oui, tu te hais. quand t'ouvres à nouveaux tes yeux charbonneux, t'esquisses un sourire, plus triste que n'importe quoi dans ce monde, même toi tu crois pas à ton sourire. tu voudrais lui dire que toi aussi, tu l'aimeras toujours, mais elle doit le savoir, parce que tu lui as toujours répété. fleur, tu sais bien que elle fera toujours parti de toi, et c'est bien ça le problème. parce que bien que vous vous faites mal, vous en voudrez encore, vous voudrez encore l'un de l'autre. c'est comme un cycle sans fin. et ça te ferait presque peur.

tu pourrais rester des heures ainsi, à le regarder dans les yeux. le silence ne te gêne pas, tu trouves ça même réconfortant. un vent frais vient te caresser les joues et tu te félicites d'avoir aéré un peu plus tôt. tu te sens mieux, la tête te tournes moins. la sensation de nausée est moins forte. tu l'écoutes te répondre et secoues doucement la tête.
- je t'ai appelé, toi.
tu étais sur le point de lui dire que tu te sentais mieux quand il étais là. prête à lui balancer à la figure que quand il était là, il ne pouvait rien t'arriver. mais l'amertume que t'ont laissés les mensonges a toujours un goût amer. pourtant, ce soir tu trouves que cela n'a plus grande importance. tu le vois froncer les sourcils et son regard t'échappe. il fixe la fenêtre et tu te sens vide. il semble abattu et tu remarques la fatigue sur son visage. tu l'aimes trey, comme une folle. tu détestes le savoir dans cet état. dévasté. bouffé de l'intérieur. mais tu sais que jamais tu le changeras entièrement. c'est comme ça qu tu l'aimes même si ça te tue de le reconnaître. t'as réussis à le canaliser pendant presque quatre ans fleur. c'est déjà un exploit en soi. ça prouve qu'il y a quelque chose entre lui et toi. et c'est ce quelque chose qui t'empêchera l'abandonner. quoiqu'il advienne, jamais tu le lâcheras. si tu savais à quel point je me hais, fleur. il ne te regarde plus. tu la perdu à nouveau. et il tourne la tête vers toi. tu vois un sourire sur ce visage que tu connais par coeur. un sourire qui n'en est pas un.
- je sais. et pourtant tu continues à agir en parfait connard.
tu pale avec désinvolture, comme si vous parliez du couple des voisins ou bien de ce que vous avez mangé la veille. tu ressens plus rien à vrai dire, à ce moment précis. t'es paisible et ça fait un moment que t'avais oublié cette sensation. tu te relèves et finit par t’asseoir, avec moins de difficulté que ce à quoi tu t'attendais. tes poignets sont encore à vif mais les bandages ont eu l'air d'avoir rempli leur devoir. tu poses ton front sur son épaule. là, tout ce dont tu as besoin, c'est de le sentir contre toi.
- fais moi plaisir et arrête d'agir en véritable con pour une nuit.
ta main vient trouver la sienne et tu entremêlent tes doigts aux siens.
- oublions tout ça juste pour ce soir.
-

tu ressembles à ces gosses, qu'on croise dans les supermarchés et qui sont perdus, seuls, abandonnés de tous. ce soir, t'es pas vraiment le trey de vingt-quatre ans, à qui on donne plus souvent vingt-six ans. non, ce soir, t'es trey, le gamin de dix-neuf piges, apeuré à l'idée de perdre celle qu'il aime. mais tu l'as déjà perdu, rappelle-toi. quatre ans. quatre foutues années que t'as mis en l'air en une soirée. ce qu'elle te dit pourrait presque te faire du bien, le fait qu'elle te dise que c'est bel et bien toi qu'elle ait appelé et personne d'autre, mais t'as toujours un truc en toi qui te dit qu'au fond, elle aurait peut-être pas dû t'appeler. elle doit bien sentir, fleur, que t'es désespéré, que tu te supportes plus, parce qu'elle se rapproche de toi, en te balançant que t'es un parfait connard. mais tu le sais ça, et ça te fait même pas mal quand elle te le dit. tu peux pas le nier, trey, que t'es un connard. t'as couché avec bliss parce que t'as un peu trop bu ce soir-là, parce que t'as été totalement idiot et égoïste. en fait, t'as du mal à te dire que t'as couché avec cette fille. toi, tu dis plutôt que t'as baisé avec elle. parce que y avait rien. pas de sentiments, ni amour, ni haine. un animal, putain. t'as agi comme une foutue bestiole. quand la main de fleur trouve la tienne, t'abandonnes tes pensées les plus sombres pour prendre en compte ce qu'elle te dit, ta fleur. arrête d'agir en véritable con pour une nuit. c'est vrai, trey, tu pourrais essayer, ça te ferait sans doute du bien, et à fleur aussi. tu serres sa main dans la tienne, comme pour lui dire que, promis, tu vas arrêter d'en être un ce soir et les autres jours. elle veut tout oublier, un peu comme toi, alors t'as une idée. un peu tordue, mais faut essayer. tu t'assois en tailleur sur son lit, face à elle, tu tiens toujours sa main, peut-être par peur qu'elle veuille se dérober, et, quand tu la regardes dans les yeux, un éclair traverse les tiens. tu souris pas, mais t'as repris espoir en l'espace de deux secondes.
- tu sais quoi ? j'pense qu'on va pas arriver à dormir, même si on est crevés. j'en suis persuadé.
d'abord, tu vois bien que fleur te comprend pas. t'as l'impression que l'ancien trey revient au galop. t'as ce regard joueur et vif, pourtant, t'es exténué, mais elle t'as dit qu'elle voudrait tout oublié, juste pour ce soir, alors tu vas tout faire pour.
- tu te souviens avant, quand on arrivait pas à dormir, on sortait tous les jeux qu'on pouvait trouver ici, et on se mettait à jouer jusqu'à être épuisé.
c'est vrai, tu te souviens toi. tu te souviens des nuits que vous avez passé à jouer à l'ordinateur, ou a danser devant la télé sur la wii. tu te souviens de ces parties de cartes interminables, parce que vous êtes aussi mauvais perdant l'un que l'autre. ces souvenirs te font pas mal au cœur pour une fois, ils te font du bien. tu joues avec ses doigts tout en la regardant, vague sourire au lèvres, tu serais presque heureux là, parce que tu baignes dans des souvenirs qui te font du bien au cœur. tu te souviens d'une phrase, que tu lui sortais tout le temps, qui la faisait à la fois sourire et bouder. tu t'en souviens parfaitement, et t'hésites pas à la lui ressortir, parce que t'es presque sûr que ça la fera sourire.
- je te laisserai gagner, promis.

il te fait maintenant face. assit en tailleur devant toi, des fragments de souvenirs surgissent dans ton esprit. un peu comme une tornade, tu vois votre histoire défiler et faire une pause sur la dernière image que tu as de vous, heureux. mais vraiment heureux. pas heureux comme dans les magazines ou à la télévisions. non, vraiment remplis de ce putain de bonheur. la déception qui t'écrase aujourd'hui rend difficile à croire tout ce que vous avez pu vivre. mais tu savais bien que de toute façon, ça durerait pas. quand est-ce qu'une chose s'est bien déroulée pour toi fleur. t'as toujours été le vilain petit canard, la tâche du monde. et tu comprends maintenant que la vie t'as encore jouer un de ses mauvais tours, ceux où tu crois enfin qu'elle t'as laissé tranquille, qu'elle  t'as offert quelque chose de bien pour ensuite de poignarder dans le dos et tout te reprendre. elle te reprend trey aujourd'hui. même si il y a le contact de sa main dans la tienne, même si tu le vois devant toi, de tes propres yeux, t'as cette fichue sensation qu'en fait il t'échappe peu à peu. à chaque vague, chaque seconde il s'éloigne un peu plus du large et le courant est trop fort pour que tu puisses continuer à suivre sa main. et tu sais que tu vas finir par te noyer, à vouloir le rattraper. t'as besoin qu'il te dises, la maintenant qu'il restera toujours. qu'il t'en fasse la promesse, qu'il te le prouve. parce que s'il venait à te trahir à nouveau fleur, ce serait plus de la noyade pour toi, ce serait du suicide. en le regardant bien, tu vois un voile pâle dans ses yeux si noirs. un voile d'éclat, de vie. comme si le trey éteint s'était enfin rallumé un petit peu. tu souris un peu, parce que toi, tu le préfères comme ça. mais ton sourire te semble faux, même à toi même. parce que tu sais que tu regrettera ce soir, que ce sera juste un mensonge. vous allez vous mentir toute la nuit? et après? il partira demain à l'aube? vous retournerez dans cette histoire sans fin, dans ce brouillon inachevé qu'est votre vie? il te parle de vos souvenirs et t'es prête à retourner dedans, à y plonger jusqu'à en oublier toute réalité. ça te paraît irréel, de le retrouver là. mais tu te sens bien présente ici pourtant. ses doigts jouent avec les tiens, et son regard est sur toi. t'as envie de figer cet instant, d'attraper ton vieux polaroid et d'immortaliser ce qui semble être à la fois un vestige et un miracle. vous puez pas le bonheur, mais à votre manière, vous avez l'air bien. t'en es sur de ça fleur? je te laisserai gagner, promis. une boule à l'estomac qui fait un grand huit, la tête prise de tournis, la pression de ta main sur la sienne un peu plus forte. cette simple phrase. pendant une seconde tu relèves la tête, t'es surprise. comme si on te rappelait quelque chose d'important, que ta curiosité était piquée à vif. et puis cette vilaine sensation de douche froide que t'as ressentie suite la surprise laisse place à un sourire. un vrai cette fois. tout te semble si stupide à côté de ça. à côté de ton trey, le tien, le vrai, qui te sourit et qui te pale comme si rien avait changé. c'est pathétique fleur à quel point t'es lunatique. à quel point t'es indécise. décide toi. tu l'aimes ou tu le détestes. mais change pas toutes les trente secondes. ta main libre vient lui asséner une petite tape sur sa joue. tu frissonnes pas à son contact comme t'aurais pu l'imaginer. tout simplement parce que la scène est si... normale.
- j'ai pas besoin de ta pitié !
t'as lâché ça avec un petit rire, mais tu ne sais pas si cette phrase est bourrée de sous entendus ou non. t'hésites un peu, comme si t'avais fais une gaffe. tu sens ton visage s'empourprer légèrement. mais tu fais semblant de rien, priant pour qu'il n'ait rien vu. tu te donne une contenance en décidant d'aller chercher un jeu, n'importe quoi. tu peux pas soutenir son regard, t'es mal à l'aise tout d'un coup. arrête de changer d'avis toutes les cinq minutes. t'es bien ou tu l'es pas. tu te fais glisser du lit et te sens obligée de prendre appui quelques secondes sur le bord. t'as pas encore retrouvée toutes tes forces. avec regrets tu lâches la main de trey. et puis tu croises son regard. et puis tu te perds là. sur une pulsion, tu viens poser tes lèvres sur les siennes. furtivement. c'est trop rapide, mais tu t'en veux déjà. tu mords ta lèvres inférieure, tu paniques. putain mais quelle conne. tu rougis. t'ouvres la bouche pour t'excuser mais les mots restent coincés. tu voudrais disparaître la tout de suite. valait mieux que t'y restes ce soir en fait. t'as tellement honte. pourtant ressens un certain soulagement.
parce que dans le fond, ça t'avais manqué.

tu voudrais arranger les choses, bien que t'en sois pas capable, tu le sais, mais tu voudrais essayer, pour fleur. alors tu souris un peu, même si t'as du mal. tu te dis que c'est pour fleur. elle aussi elle sourit, elle aussi, elle a du mal. tu trouves ça à la fois pathétique et touchant, parce que vous voulez plus vous faire mal, alors vous préférez sourire faussement que ne laisser paraître aucune émotion. la lumière tamisée de la pièce projette des ombres un peu partout sur les murs, et ça te rappelle les nombreuses fois où t'arrivais pas à dormir dans cette chambre, alors que fleur dormait parfaitement. ça te rappelle les fois où toi, tu la regardais dormir et où tu regardais danser les ombres des rideaux sur les murs. ça te rappelle les fois où tu t'inventais des histoires tordues avec les ombres des objets dans cette chambre. parce que t'as toujours aimé ça toi, les histoires étranges. parce que t'es étrange. c'est là que tu te rends compte que tu l'aimes cette chambre. elle te rappelle plus de bons que de mauvais souvenirs. tu préfères cette chambre à ta foutue maison. bon sang trey, comment est-ce que tu vas faire demain matin pour repartir ? est-ce que tu vas t'enfuir par la fenêtre pendant que fleur dormira ? est-ce que tu vas arriver à partir ? c'est surtout ça la bonne question. plus t'y penses, et plus tu te dis que demain, tu ne vas jamais vouloir retourner chez toi. parce que dès que tu seras sorti d'ici, cette soirée ne sera plus que derrière vous, et t'en as pas envie, parce qu'elle est douce, cette soirée, douce comme avant, comme lorsque tout allait bien. ta phrase la fait sourire comme prévu et toi, ça te fait doucement rigoler quand elle prend cette mine boudeuse que t'aimes tant, qui n'a pas changé, et que t'aimeras certainement toute ta vie. elle te donne une tape sur la joue, comme avant, tu souris, et puis, sa phrase te calme. parce que tu te dis que fleur, si elle dit ça, c'est pas pour rien. elle veut pas de ta pitié, tu piges ? tu la regardes encore de tes yeux noirs. y a une gêne entre vous et ça te dérange au plus haut point. pas de gênes ce soir, c'est ce que tu te dis, et c'est ce que tu veux. alors, comme si de rien n'était, tu lui souris, avec ce sourire de gosse que t'as toujours eu avec elle dans ces moments de jeux.
- pas de pitié, mais je te connais, et je sais que t'es mauvaise joueuse.
tu décides d'éviter le sujet houleux, parce que tu veux pas de disputes ce soir. même fleur elle en veut pas. vous voulez juste oublier. ça parait compliqué à faire, mais si on y met un peu du sien, c'est pas si difficile que ça, d'oublier. fleur glisse du lit, elle est encore faible, t'as peur qu'elle tombe un instant, mais tu te souviens à quel point elle est forte, alors, tu te dis que ça va aller. et effectivement, ça va. t'es presque fier d'elle, de voir qu'elle se laisse pas aller ce soir. tu la suis des yeux, tu la bouffes du regard, et tu vois bien, dans ses yeux à elle, que tu lui manques autant qu'elle te manque. et elle t'embrasse. furtivement, beaucoup trop à ton goût, parce que t'as pas tellement eu le temps de comprendre ce qu'il t'arrivait. l'expression de fleur pourrait te faire rire, mais t'es aussi troublé qu'elle. comme si vous veniez de faire une bêtise. mais vous êtes grands et responsables, pas vrai ? alors, trey, tu fais quoi là ? t'attends qu'elle s'enferme dans une pièce de la maison, ou tu la rattrapes avant ?
- fleur, tu...
tu vas dire quoi là ? t'en sais rien en fait. fleur, tu me manques. fleur, tu peux pas faire ça parce que j'vais en crever. t'es perdu. elle est pas loin de toi, juste à quelques centimètres, si bien, que t'as juste à te pencher un peu pour que tes lèvres retrouvent les siennes. t'oublies tout, juste le temps d'une soirée, parce qu'elle te manque, terriblement. et tu te rends compte que tu te fous pas mal de comment est-ce qu'elle va réagir, parce que toi, t'avais juste besoin de contact. t'avais juste besoin de fleur, en fait.

ben bravo fleur, pour être prise au dépourvu tu l'es. par ta faute en plus. c'est bien bravo. je ne te félicite pas. maintenant vous êtes comme deux idiots l'un en face de l'autre, à danser d'un pieds sur l'autre, mal à l'aise. depuis quand c'est censé être maladroit entre vous? il commence une phrase. mais tu ne sauras jamais la suite. parce qu'avant même que tu te rendes comptes de ce qu'il t'arrive, c'est trey qui t'embrasse. c'est un peu une explosion en toi, un feu d'artifice, un crash, un tonnerre, une mer agitée. t'en un peu tout à la fois. ses lèvres contre les tiennes, c'est tout ce à quoi tu peux penser, là maintenant. c'est doux, c'est sucré. tu sens une chaleur se répandre en toi, celle que t'as toujours à chaque fois qu'il t'embrasse. celle que tu ne pensais perdue à jamais. alors ça devient un feu en toi, et tu te laisses envahir complètement. tu t'abandonne à tes sentiments. et ça te fais tellement de bien de lâcher prise. t'as envie de lui, là maintenant. ta main remonte sur son bras, agrippe son épaule tandis que l'autre se perd dans ses cheveux. tu l'embrasses avec envie. parce qu'il t'as manqué, que t'es pathétiquement amoureuse et que là, pour une fois depuis des lustres, tu te sens vraiment bien. pas une seconde tu as pensé à t'écarter. tu le sais dans tes tripes que trey est toi, c'est écrit. tu succombes donc à tout. à son touché, son souffle, ses baisers. c'est délicieusement intense. ce sont des retrouvailles. t'as l'impression que pendant ces derniers moi, vous avez jouer les égoïstes en empêchant deux âmes d'être ensemble. deux âmes fusionnelles, qui n'ont pas pu résister à la proximité ce soir. c'était trop tentant, vous avez été trop faibles. mais la preuve est là : ce qu'il y a entre vous est trop fort pour simplement être jeté en boule et jeté par la fenêtre. vous avez besoin de plus que ça. vous êtes plus que ça. ton pouls s'accélère et tu le sens battre dans ton corps entier. il est  toi trey, il t'appartient. t'en deviens folle, t'es prête à te foutre en l'air.
-trey.. désolée..
t'as dû y mettre fin, à ce moment. tu ne peux même pas en décrire l'intensité tout simplement parce que t'as plus de souffle. t'es étourdie, avec des étoiles dans les yeux. fleur, tu t'es vidée de ton sang y'a même pas une heure, idiote. tu lui souris, un peu haletante. tes mains se nouent derrière sa nuque et tu prends appuie sur lui. tu sens tes jambes trembler. t'aurais peut être pas du te lever. quoiqu'il en soit, lorsque ta respiration s'est calmée, tu relève la tête et pose ton front contre le sien. dans un sourire tu murmures son nom. c'est tout ce dont tu as besoin ce soir. juste trey contre toi.

d'un coup, tout s'accélère, aussi bien les battements de ton cœur que les pulsions qui montent en toi. ça faisait trop longtemps, que t'avais pas ressenti ça, un bien être. ce soir, tout te revient en pleine face : les frissons, la douceur de ses lèvres, le contact de ses doigts frais sur ta peau, et sa main qui se perd dans tes boucles d'or. il t'en faut pas plus pour être heureux, toi. il te faut juste fleur. mais maintenant, c'est compliqué de l'avoir rien que pour toi. tu le sais, tu sais que tu vas mettre des mois, voire des années à la récupérer, parce qu'elle a mal, parce que tu lui as fait mal, tu l'as trahi. t'as trahi celle dont tu ne voulais que le bonheur. t'écartes encore une fois tes pensées, tu les envoies valser tu ne sais trop où, pour succomber un peu plus à fleur. c'est elle qui a commencé, pas vrai ? c'est elle qui t'a embrassé en premier, c'est de sa faute si toi, t'en veux plus. en fait, t'as envie d'elle, mais t'es quasiment sûr que vous n'irez pas plus loin qu'à vos baisers, parce que y a toujours cette foutue règle, qui te traque en permanence, le fameux t'as pas le droit que tu commences à bien connaître. parce que t'as pas le droit avec fleur, avec laoise, t'as pas le droit de revoir kit, t'as pas le droit de succomber à la drogue. c'est ta vie, trey. elle se résume à ça. quand fleur met fin à tout ça, à toute cette passion débordante, ça ne t'étonne même pas. pourtant, on peut bien voir dans ton regard que t'espérais que ça continue, qu'elle ne stoppe pas tout. tu dis rien, tu te contentes de la regarder, ta fleur, la tienne, le sourire aux lèvres, à la fois heureuse et fatiguée, triste et étourdie. elle est faible, bien trop faible, parce que tu la sens trembler, tu sens ses mains tremblantes sur ta nuque, et ça te fait peur un instant encore. tu sais pas comment elle se sent actuellement, mais toi, t'arrives pas à être heureux parce que tu penses à des tas de trucs qui te font du mal. tu déposes tes mains sur sa taille et tu pinces tes lèvres tout en levant les yeux vers elle.
- ils pensent quoi de moi tes amis ?
t'es triste. désespérément triste. t'as cette question qui te perturbe depuis que t'es plus avec fleur. parce que tu sais bien ce qu'ils pensent de toi, ils doivent dire que t'es le plus beau des enfoirés, ce qui n'est pas faux. mais en fait, toi, tu voudrais plutôt savoir ce qu'il disent à fleur.
- non, répond pas à cette question, j'ai déjà la réponse.
tu hausses les épaules et poses à ton tour ton front contre le sien. tu soupires longuement et ferme les yeux, parce que t'as les larmes qui menacent de couler. t'as mal, t'es blessé, et par dessus tout, t'as peur de la perdre.
- tu sais, ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent, que je te mérite pas, que je vais te faire du mal, j'm'en fous. ils ont raison, mais ce qu'ils savent pas, c'est que je ferais tout mon possible pour te prouver que j'ai changé.
tu recules un peu et tu la regardes, t'es déterminé à la retrouver, à l'avoir rien que pour toi de nouveau. c'est ta fleur, ça a toujours été elle, tu te souviens, trey ? le coup de foudre ? tu sais pertinemment que ça sera toujours elle, quoi qu'il arrive.
- ils peuvent pas comprendre que j'suis fou de toi de toute façon, ils peuvent pas comprendre que quoi qu'ils disent, ils auront toujours tort.
tu souris pas, tu restes de marbre, mais pourtant, y a ce voile dans tes yeux, qui montre que t'es amoureux.

ses mains glissent sur tes hanches. il te regarde, les lèvres pincées. toi tu sens ton monde s'écrouler. il a cet air triste que t'as jamais supporter, celui que t'as en horreur. c'est semblable à un masque, c'est lui sans être lui. c'est pas ton trey, juste une pâle copie. il te demande ce que tes amis pensent. tu laisses échapper un petit rire sarcastique.
- pour ce que j'ai comme amis.
t'es pas une personne sociable et il le sait. mais visiblement, le peu de personnes sur qui tu peux compter suffisent à le déstabiliser. il à l'air tenaillé par cette question, et toi tu comprends pas. pourquoi ça l'intéresse? il n'en jamais rien eu à faire. c'est ce qui t'as toujours plu chez lui, cette désinvolture face à l'opinion d'autrui. mais ce soir, vous êtes plus vraiment vous mêmes, alors tu ne sourcilles pas.
lorsque vos fronts se rencontrent, tu ressens son mal être et ça te brise le coeur. son soupir te fais mal et tu donnerais n'importe quoi pour effacer ses mauvaises pensées. personne n'a le droit de le détruire, trey. à part toi. il continue dans sa lancée, répétant mots pour mots ce que tes proches t'ont balancé, craché à la figure ces derniers temps. sa lucidité te blesse aussi, parce que tu vois que ça le touche. il s'écarte et te regarde. tu l'écoutes attentivement, parce que tu veux graver ses paroles dans ta mémoire. encore plus qu'être dans ses bras, aussi niais que cela puisse t'être, tu l'avoueras jamais mais ses déclarations te font l'effet d'un miracle. parce tu comprends pas comment quelqu'un puisse t'aimer ainsi. à cette idée ton coeur se serre un peu plus, parce que tu prends conscience que malgré son amour pour toi, il est capable de te faire mal. vraiment. tu vois fleur, toujours les mêmes pensées qui reviennent encore et encore. faudrait que tu songes à changer de disque. son visage est fermé, mais ses yeux le trahissent. à ton tour de soupirer fleur. parce qu'il va t'en falloir du souffle. c'est donc sur un soupir à fendre l'âme que tu te hisses sur lui. l'effort te demande de la force mais au moins, tu le sens un peu plus contre toi.
- trey arrête ça.
tu repousses une mèche dorée de ses yeux et ton doigts glisse sur son visage, en y définissant les contours. tu finis par ses lèvres. et t'arrives pas à résister à l'envie, tu l'embrasse à nouveau.
- j'ai jamais eu besoin de personne pour savoir ce que moi, je pensais de toi. et je pense que t'es un romantique trey. et que quoi que tu puisses dire ou faire, tu aimes trop tomber amoureux pour t'en tenir à une personne et... et même si ce sera toujours toi et moi, je sais que j'arriverais jamais à rester toute seule là dedans.
tu tapotes doucement sa tempe de ton doigts. lorsque tu reprends la parole, ta voix n'est plus qu'un murmure.
- même si je sais que je suis la seule là dedans.
ton autre main s'est déposée sur son coeur. tu restes quelques seconde ainsi, ta main droite posée là, ta main gauche caressant doucement sa nuque.
- le problème tu vois, c'est que y'a que toi pour moi. et j'imagine que j'aurais toujours à vivre avec cette trouille au ventre que tu m'échappes à nouveau. mais je le ferais quand même parce que...
t'as voix se perd, et tu finis pas ta phrase. tu mets tes sentiments à nus devant lui et t'as horreur de ça. tu te sens encore plus en position de faiblesse. mais tant pis, quand tu la fermes, t'as déjà l'impression qu'il te fuis entre les doigts, alors tout lui balancer ne pourra pas être pire. et puis il est là ce soir. tu l'embrasses à nouveau. plus fortement, plus amoureusement.

si on te demandait de te définir, tu dirais sans hésiter le diable. parce que c'est ce que t'es, trey, un beau diable, ou alors, un ange déchu. mais pas un ange à la con, tu vois ? toi, tu serais l'ange qui promet et qui échoue et c'est pour ça que tu fais mal, parce que tout ce que tu promets, t'arrives pas à le tenir. t'as drôlement changé faut croire depuis que vous êtes plus ensemble fleur et toi. parce qu'avant, tu lui certifiais à fleur que les autres, tu t'en foutais royalement. c'est toujours le cas, mais un peu moins. tu peux plus te foutre entièrement d'eux parce que tu sais qu'ils vont tout faire pour l'éloigner de toi, et t'en as pas envie, tu l'accepterais pas. tu sais très bien que, si t'apprenais qu'une personne disait à fleur de t'oublier, t'irais t'expliquer avec ladite personne. parce qu'elle est tout ce que t'as, tu te le répéteras sans cesse, tu le lui répéteras aussi, parce qu'il ne faut pas qu'elle l'oublie. sans elle, toi, t'es plus rien, juste une poussière. ta peine crève le cœur et fleur doit la ressentir, parce que de toute façon, fleur, elle a toujours su comment t'allais en une fraction de seconde et là, c'est plus que voyant que t'as mal. tu vois trey, tu t'es fait mal tout seul dans ta connerie. t'as blessé fleur et tu t'es blessé par la même occasion. tu t'es brûlé les ailes, et t'as plus rien d'un ange. fleur s'approche un peu plus de toi, ça t'étonne d'abord, mais ton étonnement s'en va bien vite, parce que pour toi, c'est presque normal qu'elle fasse ça. vous avez été ensemble quatre ans après tout, pas vrai ? et les habitudes reviennent vite. le fait de la sentir un peu plus contre toi te calme. c'est fou, mais tu n'as réellement besoin que d'elle pour aller un peu mieux. fleur encore et toujours. elle a ces gestes tendres avec toi, qui te font fermer les yeux. ta respiration est nettement plus calme, si bien qu'on pourrait penser que tu ne respires plus. les yeux fermés, tu sens son doigt sur tes lèvres, sa bouche contre la tienne. toi, t'as une main sur sa taille que tu pinces doucement, tu laisses ton autre main jouer avec une mèche de ses cheveux. elle te manque. indéniablement, démesurément. t'écoutes ce qu'elle a à te dire. t'écoutes même si quelques mots te font mal. elle a plus confiance en toi, rien que quand elle te dit qu'elle arrivera jamais à être la seule pour toi, tu le comprends. ça te fait mal et tu fronces les sourcils, comme pour protester.
- t'es la seule fille dont j'ai toujours été amoureux.
t'aimes pas qu'elle te dise que tu aimes tomber amoureux. parce que c'est pas vrai. toi, avant fleur, tu disais à tout le monde que l'amour, ça fait mal, c'est inutile. t'as arrêté de le dire lorsque tu l'as vu, parce que t'en est tombé amoureux dès le premier regard. fleur termine pas sa phrase, alors tu hausses un sourcil. parce que quoi, fleur ? tu sais pas à quoi vous jouez ce soir, mais t'as l'impression que vous ne savez pas du tout ce que vous voulez. un jour vous vous détestez, le lendemain, rien ne pourrait vous séparer. tu la serres un peu plus dans tes bras, tu veux la sentir contre toi, et tu l'embrasses toi aussi. des frissons parcourt ton corps, t'avais oublié ce que c'était, d'être avec la fille que t'aime le plus au monde. tu mords sa lèvre inférieure avant de glisser une main dans ses cheveux.
- comment tu voudrais que je t'échappe, fleur ? c'est plutôt moi qui devrais avoir peur de te perdre. t'y es pour rien toi, et t'as toutes les raisons du monde de me détester...
tu la regardes, tu la transperces du regard, et ta peine revient. alors, comme remède, tu l'embrasses furtivement, ça fait du bien à ton cœur en miettes.
- je sais même pas comment tu fais pour ne pas m'éjecter dehors.
vous deviez tout oublier pour une soirée, trey. et toi, t'es en train de tout remettre sur le tapis. t'es vraiment qu'un idiot. tu passes une main dans tes cheveux cette fois-ci, pour les ébouriffer un peu, et tu restes stoïque. tu te détestes d'avoir parlé. fallait que tu la fermes, ça aurait mieux valu. pourquoi t'as tout simplement pas profité des gestes tendres de fleur ? parce que qui sait, autant, c'étaient les derniers que tu pouvais avoir.

tu soupires à nouveau. tu marche sur des oeufs ce soir. au moins, c'est plus calme que votre sortie au restaurant. t'as pas envie de chialer ce soir. tu peux pas, tu ressens assez de joie ce soir. mais quelque chose te chiffonne, quelque chose ne va pas. vous êtes un peu coincés dans deux mondes parallèles ce soir. celui où tout est bien et celui où tout est mal. c'est dommage, tu commençais à croire que t'étais revenue à l'époque où tout état parfait pourtant. t'en étais vraiment pas loin.
ses mots déferlent sur toi comme un feu d'artifices : tout pleins d'étincelles éclatantes et chaleureuses. t'as toujours aimé ses belles paroles. avant tu croyais dur comme faire à leur sincérité. ce soir, t'as un peu plus de mal. il te rend tes baisers, te serre plus fort contre lui? c'est dur de résister ainsi. vous reprenez votre souffle mais toi t'as du mal. en te mordillant la lèvre et te passant doucement la main dans tes cheveux, il te coupe ta respiration. t puis t'as des pulsions violentes qui te secouent. évidemment que si t'as fais quelque chose. ou que tu n'as pas fais quelque chose. sinon il serait as allé voir ailleurs. surtout elle. elle ou les autres. non fleur stoppe ça. recommence pas avec tes fichus scénarios à deux balles, qui hantent tes cauchemars. il n'y a eu qu'elle point. qu'elle. néanmoins, ça parviens à tes oreilles de façon hypocrite ça. mais tu comprends qu'il ne comprends pas. bien sur que t'as raison de le perdre. si il venait encore à aller voir ailleurs? et si une autre fille finissait par te le voler? si il s’intéressait à une autre? et si tu te voyais mise de côté dans son monde pour être remplacée? ou pire, que tu disparaissais à jamais des abîmes de ses yeux pour retourner à ton existence de gosse de riche asociale? tu peux pas, tu veux pas. depuis des années il rythme ta vie et ton univers. t'en crèverais. c'est le seul qui pourra à jamais te rendre heureuse, comme il te rendra malheureuse. tu le fixes, t'es de marbre. tu restes silencieuse et tu remues un coup ses derniers mots dans ton esprit. il a raison dans un sens, il mériterait que tu le foute dehors, surement en le faisant passer par la fenêtre de ta chambre située à quelque mètres du sol. mais t'en est incapable parce que ça voudrait forcément dire que tu sauterais avec. ou que tu partirais avec. après tout le mal qu'il te fais, tu pourras pas le lâcher. lui il a sa coke, toi tu l'as lui. c'est ta drogue, ta dope, et t'en est complètement accro. une addiction qui te bouffe de l'intérieur, qui te détruit chaque jour et qui te consumera jusqu'au bout. tes yeux sont encore plongés dans les siens et t'es impassible. il passe sa main dans ses cheveux et tu résistes à une envie folle d'y passer la tienne pour remettre en place le désordre doré. et puis soudain tu quittes son corps, ses bras et tu t'allonges de l'autre coté du lit, à l'extrémité.
- pourquoi tu m'échapperais? parce que tu l'as déjà fais. qu'on est censé ne plus être ensemble, parce que soyons réalistes, tout ça c'est des conneries, et que je ne sais pas si t'as recommencé à nouveau. jamais je ne te prendrais pour acquis trey.
tu écoutes le silence quelque seconde, et tu fermes les yeux. tu les garde clos car tu ne veux pas voir le monde si trey n'est pas là avec toi, pour toi. parce que toi la question ne se pose pas, si t'es encore là, c'est grâce à lui. parce qu'il à su te rendre plus accro à lui qu'à la vie et la mort réunies.
- comment je fais? je suis une idiote. Dieu sait que j'aime me faire du mal. et que je continue de t'aimer malgré tout ce qui s'est passé et que la simple idée que tu t'en aille suffit à me faire encore plus mal.
et t'attends. t'aimerais qu'il vienne s'allonger là, contre toi. mais tu sais pas sa réaction et sans ça, t'es incapable de déterminer ce qu'il pense. t'était plutôt forte avant, à ce jeu là. mais à présent, c'est un peu comme si t'avais oublier les règles du jeu.

tu te rends compte que t'as vraiment peur. mais t'as peur de plusieurs choses. d'abord, t'as peur de fleur, de ses réactions et de ce qu'elle est capable de faire. tu la regardes là, avec tes grands yeux noirs, qui commencent à se fermer tout seul -mais tu résistes. tu la regardes et tu te dis que ce que t'as vu ce soir, ça t'a fait plus peur que n'importe quoi et dieu sait qu'il t'en faut à toi, pour avoir peur. mais quand t'as vu ce sang, son sang, quand t'as vu ta fleur aussi pâle qu'une simple poupée, quand t'as cru la perdre pour de bon cette fois, t'as bien senti que ton cœur a failli s'arrêter. ensuite, t'as peur de vous, parce que tu sais pas où vous en êtes, ça te chagrine, ou te tue plutôt. ouais, ça te tue à petit feu. vous jouez à un jeu dangereux, fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis, c'est ça. vous passez volontiers de la haine à la passion. quoique, la passion a toujours été en vous, toujours quelque part à surgir aux moments les plus improbables. exemple avec ce soir encore. y a qu'à voir comme t'as encore envie de sentir sa peau contre la tienne, ses lèvres contre les tiennes. t'es amoureux, trey, amoureux pour longtemps sûrement, voire toujours, quand bien même t'aimes pas dire ça. enfin, t'as peur de toi et surtout de toi. tu sais bien que y a deux trey qui se battent en toi en ce moment. le doux, romantique, un tantinet naïf, celui que les gens aiment bien voir. et l'autre trey, le mauvais, violent et menteur. celui qu'on voit rarement, mais qui est toujours présent, et qui l'est de plus en plus depuis que t'es tout seul. et si t'arrivais pas à lui promettre que t'as changé ? et si t'arrivais pas à arrêter la drogue, si t'arrivais pas à rester ami avec laoise ? t'y penses à tout ça, trey ? bien sûr que t'y penses, ça te hante même. regarde-toi, t'as même des frissons rien que d'y penser, ça te dégoûte. fleur te sort de tes pensées lorsqu'elle part finalement s'allonger sur son lit. toi, tu bouges pas, tu restes assis sur le rebord du lit et gardes ta position. tu fais souvent ça, la statue humaine, tu sais pas pourquoi, mais c'est toi. t'écoutes tout ce qu'elle te dit, toujours attentivement tout en fixant un point imaginaire dans sa chambre, ce qui te rend d'autant plus fixe. elle te connait, fleur, elle sait que tu fais souvent ça, alors ça la choque pas, parce qu'elle sait aussi que tu fais ça quand t'es concentré ou choqué. mais là, t'es juste concentré. tu l'écoutes jusqu'au bout et t'aimes pas la fin. juste le fait qu'elle dise qu'elle pourrait aller encore plus mal si tu la quittais pour de bon te détruit le cœur. tu tournes enfin la tête vers elle, avec ton visage d'ange et de gamin perdu à la fois.
- mais je veux plus que t'ailles mal.
tu sors cette phrase presque machinalement. parce que c'est vrai, t'en peux plus de la voir souffrir. ça te tue, toi. tu grimpes sur le lit pour t'allonger derrière elle. tu passes ton bras au dessus de son corps pour attraper sa main contre son ventre et tu niches ton visage dans son cou. t'as envie d'appuyer sur le bouton pause à ce moment-là, tu ferais tout pour ne plus bouger, pour rester ainsi des jours.
- tu sais très bien que je te laisserai jamais. t'entends ? jamais jamais jamais. même quand tu me détesteras plus que n'importe qui, je serai toujours là. parce que j'ai que toi, moi.
c'est un peu égoïste sûrement, mais c'est vrai. fleur, t'as toujours su que ça serait la seule fille qui arriverait à te retourner le cœur et l'esprit en même temps. tu déposes un baiser dans son cou et tu fermes les yeux juste un instant. t'es bien là, alors tu profites du moment présent, parce qu'ils se font de plus en plus rares, ces moments et ça, t'en es bien conscient.

le silence est pesant. t'attends, toujours les yeux fermés. tu te force à visualiser du noir ou du blanc pour éviter de voir se dessiner le visage de trey. tu n'oses pas faire de bruit, tu retiens ta respiration. dans la chambre règne un calme plat, hormis le bruit du vent, dehors. tu pourrais presque croire que t'es seule. mais la présence de trey est trop forte dans la pièce, trop importante. tu peux pas le nier, t'es incapable de l'ignorer. c'est lui qui rompt le silence, et ses mots tranchent et claquent sur ce silence de plomb. d'abord tu les entends, et puis tu t'efforce de comprendre. comment ça il ne veut plus que tu ailles mal? ça veut dire quoi, qu'il va te laisser? parce qu'il a compris que c'état lui qui te faisait mal? tu te courbe un peu plus, tes muscles sont raides. tu fermes les yeux un peu plus fort, tu veux oublier tout ça. pourquoi t'as parlé fleur, pourquoi tu lui a dit ce que tu ressentais. d'habitude tu parles jamais de ça. mais ces derniers temps il semblerait que tu te sois transformée en l'une de ces pauvres filles que tu méprisais tant. même son ton te fais mal, comme si c'était banal. comme s'il était fatigué de tout ça, qu'il en avait marre de se répéter. enfin tu le sens bouger. toi tu restes immobile. t'as peur qu'il parte, que ce soit le bruit de lui quittant le lit, la chambre, la maison, les souvenirs. mais le soulagement t'envahit lorsqu'il s'allonge près de toi. la douleur est toujours là pourtant, à te tordre l'estomac, à te poignarder la poitrine. son bras vient chercher ta main et tu frissonnes à nouveau à son contact. son visage se pose dans ton coup et son souffle chatouille ta peau. pendant quelques seconde, t'as les images des anciens trey et fleur, les heureux, qui viennent te marteler l'esprit. les mots qui suivent pansent tes blessures. un peu. enfin tu sais pas, t'es partagée. déchirée entre deux fleur, deux versions qui se haïssent. tu ne sais pas laquelle choisir. il à que toi fleur, que toi t'entends? et toi tu veux te foutre en l'air? tu veux lui faire mal? non. oui peut être. joker. cette fleur là tu pensais l'avoir enterrée. t'as toujours été dramatique et excessive, et ton penchant pour la mutilation et tout ce qui se rapproche de l'autodestruction n'ont fait qu'accentuer le fait que t'étais une gamine glauque à penchants suicidaires. mais il t'avait tiré de là trey. tu l'avais enterrée pour lui et avec lui. mais faut croire que t'as pas résisté. comme lui en fait. mais comme lui quoi fleur? comme lui avec sa drogue? sa drogue elle te fait peur, parce qu'elle peut te le tuer. mais ce qu'il a fait avec bliss ça, est-ce que c'est comme toi? non. les filles, t'as peur des filles parce que pire que de le tuer, elle te l'arrachent. bliss te la arraché. tu préférerais que la drogue le prenne, t'aurais qu'à t'ouvrir les veines et le rejoindre dans un autre monde. un monde où il y aurait que vous. t'es horrible fleur, t'es horrible d'avoir de telles pensées. et pourtant tu sais que c'est la vérité. tes yeux sont toujours fermés. car tu sais que lorsque tu les ouvriras, le monde réel te claquera en pleine face. tu exerces une pression sur la main de trey comme pour lui signifier que tu as entendu, que tu as bien compris. mais tu ne réponds rien. t'es à court de mots, d'idées, de réparties. tu te doutes bien que ton cerveau est épuisé, tout comme ton coeur balafré. trey t'embrasse là, juste dans le cou, juste comme t'aimes. tu décide de rester ainsi un moment, juste pour profiter de l'instant, le graver dans ta mémoire. tu ne sais pas combien de temps vous restez ainsi. quelques secondes, minutes, heures. tes paupières closes tu ne dors pourtant pas. tu te concentres sur la respiration calme et régulière de trey. t'ouvres soudainement les yeux, te tires de ton silence. tu te retournes doucement pour lui faire face. tu glisses ta main de la sienne à nouveau et plonges ton regard dans le sien.
-notre situation est bien difficile. pourquoi n'a-t-on jamais réussi à faire les choses simplement? normalement?
parce que vous n'êtes pas les autres, fleur, parce que vous êtes uniques.
et tu n'y tiens plus, tu l'embrasses encore. encore et encore. tu sens le feu reprendre vie en toi, les braises ardentes qui te chatouillent l'estomac, tes mains qui volettent sur le corps de trey, les battements de ton coeur qui n'en finissent plus de s'emballer. tu sais qu'il est possible que dans peu de temps vous aller à nouveau tout foutre en l'air. mais t'espères que ce peu de temps sera demain ou la semaine prochaine. là tout de suite tu veux juste espérer que malgré le fait que les choses aient changé et que vous soyez les deux les mauvaises versions de vous mêmes, tu veux juste espérer qu'il y a encore quelque chose de possible.

vous êtes épuisés, tellement, que vous avez même plus la force de parler, surtout fleur. fleur, ta fleur avec qui t'es allongé sur ce lit, comme si de rien n'était. comme si tout était absolument normal, sauf que non, ça ne l'est pas. tu devrais pas être ici, elle aurait jamais dû t'appeler, mais pour ça, elle n'aurait jamais dû se mutiler. et au fond, t'es content que c'est toi qu'elle ait appelé, parce qu'elle aurait très bien demander à quelqu'un d'autre. quoique. t'es pas si sûr que ça, en fait. elle t'as bien dit, il y a quelques minutes, qu'elle a pas tant d'amis que ça. un peu comme toi. toi, t'as laoise, et encore. laoise, c'est compliqué. c'est pas une amie. t'as bien marty aussi, mais tu la vois pas souvent. et après, trey ? t'as qui ? personne, ouais. à part fleur. mais fleur, c'est pas une amie, ça en sera jamais une, tu le sais, et elle le sait aussi. fleur, tu passeras de l'amour à la haine avec elle, mais jamais par la case amitié, elle existe pas celle-là. tu te rends pas compte, mais tes gestes là, avec elle, c'est ceux d'avant. ceux que tu faisais quand elle allait pas bien, ceux que tu faisais parce que ça te tuait de la voir aller mal. t'es comme aux premiers jours avec elle ce soir, et tu voudrais que ça soit comme ça pour toujours. fleur se tourne vers toi, au départ, t'as peur d'avoir eu des gestes qui lui conviennent pas. peut-être qu'elle veut pas de cette ambiance, de ces souvenirs. tu te crispes un instant, puis elle enlève sa main de la tienne. tu pinces tes lèvres, la regardes droit dans les yeux, droit dans l'âme. elle doit bien voir, fleur, que ça te fait mal. mais t'encaisses, elle a le droit de faire ça, c'est même normal. tu serres les poings et baisses les yeux. ses mots te font sourire, c'est un sourire faux, bien sûr. t'arrives pas à garder les yeux baissés, comme si t'allais en crever si tu la regardais pas.
- qui te dit qu'on est normaux ?
et là, t'as ce sourire, plus vrai que le précédent, plus taquin. puis soudain, elle t'embrasse. tu t'y attendais pas, vraiment pas, alors t'as ce léger sursaut, et ce léger rire aussi. tu passes une main dans ses cheveux. les baisers sont plus torrides que ceux d'avant. tu comprends pas vraiment ce qu'il se passe, parce que t'étais certain d'avoir fait une connerie y a même pas deux minutes. mais faut croire que non. faut croire que fleur, elle voudrait bien elle aussi que ce soir soit unique. alors tu dis plus rien, tu l'embrasses juste, encore et encore. tu profites de cette sensation de bien-être, de cette passion qui monte au fur-et-à-mesure en toi, tu la laisses se propager, lentement mais sûrement. tu sais pas comment t'y prendre avec fleur ce soir. tu sais pas comment elle pourrait prendre tes gestes. et puis merde, trey, au pire, elle te foutra une baffe. tu glisses ta main libre sous son t-shirt, tu veux juste caresser sa peau, comme avant. parce que tu sais bien que tu la désires autant qu'avant, peut-être même plus depuis que vous n'êtes plus ensemble. parce que t'as toujours aimé ce qui est interdit.

tu te laisses entraîner par ton impulsivité. là tout de suite, t'es un peu comme saoule, n'obéissant qu'à la petite voix dans ta tête. heureusement que t'avais pas bu fleur, heureusement. t'es déjà assez ivre comme ça. ivre de lui, ivre de vous. ivre de haine, ivre d'amour. t'es un peu trop ivre de tout, surtout de toi. tu sens dans tout ton corps ce condensé d'émotions qui t’oppresse un peu plus chaque jour, qui t'écrase la poitrine et qui t'étouffe les pensées. et ce soir tu le sens encore plus, ce mélange. tu sens tout plus fort ce soir, tout est décuplé par la présence de trey, par ses gestes. tu t'en fiches d'être triste là maintenant, tu t'en fous d'avoir voulu te foutre en l'air ce soir, tu veux juste que rien n'arrête vos ébats. son touché alimente ton envie de lui affamée. tu tentes de combler tous ces jours, tous ces soirs d'absence, de manque, ce vide qui te bouffait toute entière et qui te disais que tu le retrouverais jamais. mais tu l'as retrouvé. il est là ce soir. il est là avec toi. et c'est tout ce qui compte à présent. tu lui donnerais tout ce soir. alors tu lui donneras tout ce soir.pourtant, à mesure que votre désir monte et que votre passion s'enflamme, tu commences à te crisper, à tout gâcher. parce que sa main s'est glissé sous ton t-shirt, tu sens ton corps ne plus suivre ce que ton ivresse te dictait. tu réponds moins à ses ardeurs et il semble sentir ta réticence. putain mais merde, tu fous quoi fleur? c'est quoi ça? tu te noies encore de la mer des peurs? c'est pas nouveau ce qu'il vous arrive pourtant, c'est pas la première. pourtant, t'as l'impression que c'est encore ça. que tu retombes encore une fois amoureuse de lui ce soir. et c'est ça qui te crispe? tu te caches derrière ton rideau de timidité, t'as peur du grand saut. tu mets fin aux baisers mais restes immobile. maintenant tu fais quoi fleur? tu plonges ton regard dans le sien, dans l'espoir incertain de trouver la réponse à tes questions. les abîmes dans lesquelles tu semble couler t'apparaissent bien trop profonde pour que t'y vois une quelconque chance de survie. tu sais que tu ne résisteras pas ce soir. que même si toute cette situation te semble absurde, t'es à présent dedans jusqu'au cou. t’essaies de dire quelque chose mais tes mots restent coincés. t'hésites encore et toujours. et c'est cette éternelle hésitation qui te fais toujours douter de vous. la main de trey toujours sur ta peau, tu prends soudain un peu plus conscience de ce contact. alors doucement tu penches ta tête en avant et repose tes lèvres sur les siennes. tendrement cette fois. parce que plus que cette passion qui vous animes, tu veux surtout ressentir à nouveau l'amour qui vous unit. tu te fiches de ce qu'il fera de toi ce soir. tu t'abandonnes complètement à lui.  

t'es à bout de souffle, à bout de mots, mais si y a bien une chose dont t'es pas à bout et dont t'as l'impression que tu le seras jamais, c'est de fleur. tu comprends rien à cette soirée. t'étais parti pour la détester ce soir, la détester pour ce qu'elle s'est fait, et là, regarde-toi, t'es redevenu fou d'elle comme au premier jour. ça te fait du bien, mais ça te rend fou aussi. ça te rend fou au cœur et à la tête. et fleur aussi, ça la rend folle, tu le vois bien, parce qu'elle sait pas quoi faire, comment agir. on dirait deux adolescents en pleine découverte de leur corps, mais c'est vraiment pas le cas. toi, tu connais aussi bien ton corps que celui de fleur, parce que c'est toujours toi qui l'a eu. parce que fleur, c'est à toi qu'elle a fait confiance pour la première fois. et depuis quatre ans, t'as eu le temps d'apprendre ses courbes par cœur. fleur, elle semble réticente, pas sûre d'elle, alors, quand elle met fin au baiser, toi, tu la regardes, et t'as ce truc dans les yeux, qui lui pose une question, un ça va ? tu lui souris, de ce sourire enfantin que t'as toujours gardé et qui te correspond. tu veux lui montrer que tout va bien, qu'elle est obligée de rien. pourtant, elle dépose de nouveau ses lèvres contre les tiennes, et toi, tu fronces un peu les sourcils. à quoi elle joue ? qu'est-ce qu'elle veut vraiment ? voilà. c'est ça la vraie question. qu'est-ce que tu veux, fleur ? à ton tour, tu mets fin au baiser, pourtant agréable. tu caresses sa joue du dos de ta main et tu plantes tes prunelles dans les siennes.
- on est obligés de rien, fleur. tu le sais ça pas vrai ?
vous étiez censés jouer à un jeu de société ou une connerie du genre, et vous voilà partis pour tout autre chose. mais t'as pas envie de la forcer, t'es pas comme ça toi. au contraire, t'es certainement le mec le plus romantique au monde avec les filles quand tu le veux bien. tu t'approches de son visage, pour embrasser sa joue. t'es doux, trop doux d'après toi, parce qu'après tout ce que tu lui as fait subir, tu trouves ça presque hypocrite. ça serait que de toi, tu t'excuserais encore ce soir, mais tu fais rien, parce que ce soir, c'est pas comme tous les autres soirs. c'est différent. machinalement, tes yeux se portent sur les bandages que t'as fait sur les poignets de fleur. maintenant que t'es plus calme, tu vois que t'as été maladroit, tu souris secrètement, tu te trouves idiot, mais t'as paniqué quand t'as vu ça. tu remontes les yeux vers fleur, dépose une main sur son cou et approche son visage du tien.
- tu m'as jamais fait aussi peur que ce soir.
t'as cru la perdre. pour de bon. et tu te voyais déjà te niquer à la coke pour partir plus vite afin de la rejoindre. t'es sûr que tu l'aurais fait pour elle. et fleur aussi, elle sait que tu l'aurais fait, mais apparemment, elle y a pas pensé une seconde quand elle s'est niquée les poignets. tu souris, un peu plus tristement cette fois, et tes lèvres vont chercher celles de fleur, pour une énième fois.

on est obligés de rien, fleur. tu le sais ça pas vrai ? oui tu le sais. tu ne t'es jamais sentie obligée de rien avec lui. c'est peut être pour ça que tu l'as choisis pour faire un aussi long bout de chemin de vie avec toi. c'est pour ça qu'il a été ton premier et que tu veux qu'il soit ton dernier. pfiou ais fleur, c'est quoi cette niaiserie? c'est quoi cette fin idéaliste de conte de fées? la triste réalité, c'est que c'est le premier à t'avoir fait aussi mal et ce sera le dernier. c'est que toi tu n'est pas la première à passer dans son lit et tu ne seras probablement pas la dernière, surtout si tu continues avoir un comportement aussi merdique.il t'embrasse la joue, tendrement et t'oublies ta rancœur.
tu le vois poser ses yeux noirs quelque part, sur toi et comme une automate, tu suis son regard. il fixe tes bandages. une lame glacée vient te transpercer le corps et tu sens ton estomac se nouer. t'as toujours ce sentiment horrible de culpabilité qui vient te dévorer l'esprit après t'être coupé les veines. à ce propos, ça faisait un moment que tu l'avais pas revu. faut croire que t'es vraiment douée pour tout gâcher fleur. même ça, t'as pas réussis à l'éviter.
tu ne dis, tu ne fais qu'observer. t'as pas envie de parler, t'es fatiguée. le silence t'as jamais vraiment gênée, t'es pas vraiment ce qu'on peut appeler une fille bavarde. les bandages ne sont pas exceptionnels mais ils ont au moins eu le mérite d'arrêter le sang. et puis toi, tout ce que t'y vois, c'est trey qui s'est occupé de toi. une vision un peu trop romantique. mais cette simple pensée te réconforte et réchauffe.
tu fixes toujours tes propres poignets lorsque sa main remonte sur ton coup tandis que ses yeux se posent à nouveau sur ton visage. tu sens la pression de ses doigts qui rapprochent ton visage du sien. lorsqu'il te dit que tu lui as fais peur ce soir, tu déglutis avec peine. t'es qu'une égoïste fleur. t'es qu'un déchet, t'es qu'une garce. parce que fleur, t'aimes bien faire mal aux gens qui t'entourent. la preuve. ta mère dirait que c'est un moyen d'attirer l'attention du monde entier. elle l'avait l'habitude de te cracher au visage que tu n'étais qu'une égocentrique, une gamine obsédée par son nombril. c'est vrai ça fleur? plus ou moins, faut croire. tu ne veux pas l'attention du monde entier, tu veux l'attention de trey. parce que c'est lui ton monde.
- je suis désolée.
tu dis ça parce que tu le pense, mais aussi parce que ce sont les seuls mots cohérents que tu peux formuler à présent. la gorge nouée, il a réussit à faire monter les larmes.
tu soupires. t'as l'impression d'être un animal en cage, qui devient fou à force de tourner en rond. en ce moment c'est toujours la même chose, un coup oui, un coup non. toi même tu ne sais pas ce que tu dis ou ce que tu penses. tu passes d'un état à un autre, d'une idée à son contraire. tu oses enfin le regarder en face, d'abord parce que t'as réussis à ravaler tes larmes. et aussi pour la simple sensation de bien être lorsque tu te noies dans ses yeux. il sourit tristement et tu le lui retournes. et puis ses lèvres rencontrent à nouveau les tiennes et tes doutes s'envolent peu à peu. t'es jamais lasse de ce jeu là. mais ce soir, tu sens tout de même une ombre planer au dessus de vous. t'as conscience que demain sera un autre jour. tu mets à nouveau fin au baiser et te détaches de lui. tu te fais basculer sur le côté et l'un à côté de l'autre, vous fixer le plafond. enfin tu fixes le plafond. trey, tu n'oses à nouveau plus le regarder. parce que tu t'en veux par avance de ce que tu vas dire.
- j'ai peur de ce qui va nous arriver après ce soir trey. je sais qu'on est censé oublier tout ça ce soir mais je ne peux pas m'en empêcher, je peux pas.